jeudi 12 mars 2015

Commémoration du 19 mars 1962



Le colonel Boumediene est venu s'entretenir des événements avec El Guid. L'entrevue pouvait être assez délicate. En effet, il y a quelques jours encore, c'eut été le colonel vainqueur de la glorieuse armée française en visite chez le général vaincu. Aujourd'hui, c'est un peu différent. Boumediene est en droit de demander des explications : pourquoi la puissante armée de la République a-t-elle capitulé devant une bande de fellagas si les méprisables bataillons d'Israël devaient écraser, en deux jours, l'invincible armée du Prophète. Mais tout s'est très bien passé, vu la bonne éducation des interlocuteurs, vu aussi le célèbre magnétisme du Président fakir. Très détendu, il a pu annoncer au visiteur que le Sinaï, après Evian, serait consigné comme victoire dans le tome IV de ses Mémoires. Et préciser même qu'il se sentait de force à garder ses quatre-vingt-dix prisonniers personnels, quoique Nasser dut rendre les siens, au nombre de trois.