tag:blogger.com,1999:blog-76810116672337750552024-02-19T04:27:18.511-08:00Blog de Jacques Perret (1901-1992)Blog de l'écrivain Jacques Perret (1901-1992)Unknownnoreply@blogger.comBlogger55125tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-1004022772149552022024-01-09T23:28:00.000-08:002024-01-09T23:28:57.686-08:00A quoi rêvent les jeunes gens<p> </p><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">
L’hebdomadaire <i>Arts</i> poursuit une enquête sur les jeunes.
C’est une enquête consciencieuse et intelligente, mais je trouve
qu’on devrait d’abord leur fiche la paix, aux jeunes. C’est
corrompre la jeunesse que lui inculquer des préoccupations
d’adultes. Notre siècle a pris de la jeunesse une sollicitude
alarmante. Il a promu à son intention le mot « jeune »
au rang de substantif à majuscule ; il lui a fabriqué des
ministères spéciaux, il a même confié des portefeuilles très
sérieux à des galopins qui, entre parenthèses, se sont révélés
plus dénués d’imagination et plus rabougris dans la doctrine que
nos augustes vieillards.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Il y
a un engouement, un mythe, une extrapolation snobée, une démagogie,
une technique enfin de la jeunesse. On l’a tirée des limbes
heureuses pour l’engager dans la congrégation sociale ; le
déterminisme historique lui a ouvert pompeusement ses portes. Des
prophètes bénis ou cornus lui ont révélé plus ou moins
confusément ses aspirations souveraines, ses droits incohérents,
ses missions imprescriptibles. La République de Jouvence a découvert
que l’avenir appartenait aux jeunes et que ce truisme méconnu
aurait des conséquences immédiates et nécessaires. Désormais les
jeunes gens formeraient dans l’État, non plus une pépinière
hasardeuse au caprice des pères et à la grâce de Dieu, mais une
classe organisée, choyée, dûment assurée, attributaire, alignée
en solde et loisirs, conditionnée à l’œil socio-électronique.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Le
pré-salaire qui sera consenti aux étudiants pour les soulager d’une
condition médiévale, et mieux les coincer dans le piège à
matricule, sera étendu aux lycéens pubères, en attendant que
soient légalement définie la profession de jeune, et promulguée la
loi sur la retraite des jeunes, proportionnelle à partir du bachot.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Les
niais s’extasient devant la belle gravité de l’étudiant
soucieux du lendemain, conscient de son rôle et gouverné par un
idéal de sécurité cosmique. Ce jeune homme est un infirme ;
on lui a coupé les jarrets. L’enquête en question nous montre des
garçons de dix-huit ans fort inquiets de savoir comment ils vont
loger leur petite famille et quel salaire y suffira, compte tenu des
avantages sociaux. Voilà une jeunesse de tout repos ; la
République apparemment n’a rien à craindre de ce côté-là. Les
grèves d’étudiants ont elles-mêmes un petit côté rassurant ;
elles témoignent d’un sens social orthodoxe et vigilant. Si leur
monôme est un peu turbulent, ce n’est pas qu’ils pincent le
derrière des filles, puisqu’ils sont tous fiancés, mariés, sinon
pères de famille ; ce n’est pas non plus, à moins qu’il
s’agisse de jeunes arriérés, pour insulter la Chambre des Couards
qui laisse invengée la mémoire du capitaine Moureau.
Non, c’est pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur
l’insuffisance des locaux scolaires ou le taux de remboursement des
lunettes.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Aux
jeunes candidats à l’École des Mousses, on avait demandé pour
quelles raisons ils avaient choisi cette voie. Il s’est trouvé une
demi-douzaine de gamins pour répondre à cause de la retraite.
Soyons beaux joueurs et saluons ici une des plus belles conquêtes du
progrès social.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Tout
cela, bien entendu, est éphémère. Si la cité socialiste n’est
pas engloutie par le cours sacré de l’Histoire, elle sera la proie
d’un bel incendie dû à l’imprudence d’un fumeur ou à un
court-circuit entre la nature et la doctrine. Mais la malveillance
n’est pas exclue. En ce cas, l’incendiaire sera peut-être un
vieillard extra-lucide ; on se plaît davantage à imaginer une
bande de copains, providentielle survivance des jeunesses
mérovingiennes boutant le feu au grand fichier matriculaire, simple
histoire de rigoler.</span></p>
<div id="sdfootnote1"><h2 class="western"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> A quoi rêvent les jeunes gens, Aspects de la France, 22 mars 1957, n°445</span></h2><div>A retrouver dans Du tac au tac, Editions Via Romana</div><p class="sdfootnote-western" style="margin-left: 0.3cm; text-indent: -0.3cm;"><br /></p>
</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-43423556923520167072023-05-29T23:18:00.003-07:002023-05-29T23:18:45.881-07:00La fête des fous<p style="text-align: left;"><span style="font-size: large;">La fête des fous se célébrait jadis, une fois l'an, aux alentours de la Saint-Étienne. On promenait le pape des fous sur un âne à travers les rues parmi toutes sortes de parodies, les hiérarchies étaient sens dessus dessous, on se payait la belle récréation de mettre le monde à l'envers, c'était une bonne détente et salutaire pour tout le monde. Les pisse-froid mis à part, nul ne s'indignait de voir le plus réputé des ivrognes, le plus moqué des clochards ou le plus farfelu des truands présider la fête, revêtu des ornements du pouvoir et des insignes sacrés. Ainsi, le comité des fêtes de Paris vient-il d'ouvrir la grande saison par la remise de la croix de guerre à M. Maurice Thorez</span><span style="font-size: large;">. L'idée était bonne mais, décidément la République ne sait pas rire comme nos aïeux, ses fêtes sont minables, ses liesses gourmées, tout ce qu'elle entreprend dans ce genre reste mesquin, froid et miteux. Elle lésine et gâche ainsi ses meilleures trouvailles. Cette ingénieuse remise de décoration a fait long feu. Seul un petit nombre de privilégiés a pu se taper sur les cuisses entre deux portes alors que, bien montée, la cérémonie devait offrir au bon peuple assez de pintes de bon sang pour renouveler de bon cœur le mandat des joyeux mirliflores de la IVe Cascadeuse.</span></p><span style="font-size: medium;"><br /> Il fallait faire une prise d'armes, précédée d'une revue à Longchamp et suivie d'un cortège où le Prince des Fantassins, le Patron des Biffins du Premier Jour, revêtu de son harnais et fraîchement croisé de vert et rouge, eût caracolé par toute la ville sur un âne, un dromadaire, un zèbre, un dahu ou tout autre animal propre à exciter l'enthousiasme du peuple. On aurait vu dans l'escorte MM. Kriegel et Mornet, par exemple, vêtus d'hermine et rendant la justice sur un char de velours blanc traîné par les ribaudes. Et, naturellement, fontaines de vin, violons, arcs de triomphe, pétards, bals publics et carrousel en place de grève des généraux de la promotion Peyré. Au Vel' d'Hiv' M. Bouglione eût présenté le gala télévisé des anciens présidents du Conseil au cours duquel M. Vincent Auriol eût prononcé une allocution radiodiffusée pour affirmer une fois encore que la République est et restera fondée sur la vertu, tandis qu'à ces mots un feu d'artifice monstre eût éclaté sur la ville pour marquer le point culminant de la fête. <br /><br /> Voilà ce qu'il fallait faire. Mais la République n'a pas le sens des gaietés vraiment populaires ; elle trahit encore l'héritage des sinistres austérités jacobines, elle va même parfois jusqu'à donner l'impression de se prendre au sérieux. Bien sûr, on aimerait croire qu'elle n'est, au fond, qu'une pince-sans-rire impayable qui se pince sans rire depuis un siècle et demi et qui prolonge sans sourciller la Fête des Fous dont seuls s'esclaffent à la cantonade quelques initiés bénéficiaires. Les Français ont omis de renvoyer à la cour des miracles les fous qu'ils avaient couronnés un jour, histoire de rire, et les fous se sont mis à croire tout bonnement à leur sceptre, à leur pourpre, à leur hermine, à leurs crises de conscience, à leurs sceaux, à leur légende et à leurs vents. Ou à faire semblant. Mais le règne des fous qui traîne en longueur n'est plus une rigolade, les bonnes gens pressés par leurs affaires s'installent paresseusement dans le carnaval et s'habituent à prendre les vessies pour lanternes, les lanternes pour soleil, les ânes pour palefrois, les galimatias pour vérités éternelles, les traîtres pour héros, les héros pour traîtres, les magistrats pour juges, les Schrameck pour Durand, les scrutins pour grand'messe, la lie de piquette pour chambertin, le socialisme pour fraternité, un mirliton pour un homme, un ramassis pour un parlement, la sécurité sociale pour une libération et la démocratie pour un ordre naturel. <br /><br /> La fausse monnaie, c'est amusant un jour ou deux ; elle est même indispensable au bon équilibre des peuples et à l'hygiène de la civilisation, elle donne aussi à réfléchir à la bonne monnaie qui aurait tendance à s'infatuer. Mais quand il n'est plus battu d'autre monnaie que fausse, on ne sait plus reconnaître la bonne et nous voilà rendu à cette confusion générale et invétérée dont Clément d'Alexandrie a dit qu'elle sentirait le soufre à plein nez.</span><div><br />"La fête des fous", <i>Aspects de la France</i>, 18 mai 1950, n°92 <br /><br /><br /><div id="sdfootnote1">
</div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-6586156409992575212023-03-11T02:29:00.000-08:002023-03-11T02:29:05.257-08:00L'espoir en ballon<p> </p><div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">
La France n’est peut-être plus une grande nation, mais il y a
toujours chez les Français de quoi faire le plus grand peuple. C’est
une vérité à laquelle je tiens beaucoup, même si les preuves se
font rares ou discrètes. Je pourrais, cette semaine, affermir ma foi
sur une preuve d’ordre politique en célébrant la réélection de
M. Albert Sarraut,
vieux marabout du tripot parlementaire, et lanterne des sublimes
secrets, mais la gloire de M. Sarraut appartient à la
Troisième, et l’odeur de ses vertus n’est plus qu’un relent.
Plus volontiers je chanterais nos victoires techniques, le nouveau
pétrolier de 33 000 tonnes, le stator géant de 170 tonnes, et
la locomotive BB 9004, qui s’apprête à pulvériser le record
du monde, mais si j’ai beaucoup de respect pour ces machines, je ne
les considère pas moins comme des accessoires.
</span></div>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">En
revanche, il m’apparaît que le rugby français nous permet
aujourd’hui d’envisager l’avenir avec beaucoup de confiance.
Quand une équipe nationale de rugby arrive à cette qualité, c’est
un signe, et je n’en dirais pas autant du golf ou même du bridge.
Ce n’est pas souvent que je parle ici de sport, et pourtant je lui
dois des moments exquis. Vous savez que samedi dernier nous avons
battu l’Écosse. Sauf le respect que je dois au souvenir des
Stuarts bien-aimés, je dirais même que nous avons battu les
Écossais à plate couture.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Deux
fois par an, dans la période où se déroule le tournoi des Cinq
Nations, je vais à Colombes voir gagner la France et m’en
égosiller de joie. Et si elle ne gagne pas, elle a montré assez de
vertu pour contenter notre orgueil et gonfler notre espoir. Ajoutez à
cela l’émotion d’une foule en même temps accordée par la
connaissance du jeu et l’honneur du clan français. L’enthousiasme
collectif est un phénomène hasardeux qui fait aussi bien la ruine
ou le bonheur de sociétés, mais il est sot de le mépriser quand il
se manifeste à propos d’un débat aussi hautement civilisé, aussi
probant, qu’une partie de rugby. Ce n’est pas parce que nous
avons acquis en cette matière une valeur incontestable que je vante
les vertus de cette épreuve. Même aux temps de nos revers, j’ai
toujours tenu le rugby pour le plus beau des jeux. Et si les États
devaient régler leurs querelles sur le pré sportif, c’est encore
par le rugby que s’exprimerait le mieux les différentes valeurs
des nations.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Si
notre quinze tricolore fait aujourd’hui un des purs chefs-d’œuvre
de la qualité française, le mérite en revient tout de même
quelque peu aux sélectionneurs. Certes, la sélection ne se fait pas
toujours dans une sérénité olympienne on la soupçonne embarrassée
d’intrigues, de coterie et de querelles de prestige, mais ces
faiblesses ne font jamais que préférer un indiscutable champion à
un autre indiscutable champion. La raison du rugby n’est jamais
perdue. Il faut dire que pour constituer une équipe de rugby et une
équipe ministérielle, on ne s’y prend pas de la même façon.</span></p>
<div id="sdfootnote1"><h2 class="western"><span style="font-family: helvetica; font-size: small;"> L’espoir en ballon, <i>Aspects de la France</i>, 14 janvier 1955, n°331</span></h2>
</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-82768503277941457872023-01-07T08:13:00.002-08:002023-01-07T08:13:32.960-08:00Epiphanie<p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Tirer la fève. On dit que la coutume nous vient des saturnales, mais on dit beaucoup de choses, que le christianisme est légataire universel de tous les rites et mythologies en perpétuel aggiornamento et qu’en fin de compte le chrétien n’est qu’un païen recyclé. Ce n’est peut-être pas le moment d’encourager les visions de ce genre si le diable s’en occupe. Nous savons bien que la révélation a pris en charge un héritage qui fut trié avec soin, nettoyé, converti. Que la galette ait eu affaire avec Saturne, ce n’est pas bien grave, nous l’avons baptisée tout de suite, ses parrains les rois mages n’ont pas toujours été catholiques non plus. </span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Sans avoir inventé la galette nous l’avons élevée à la dignité royale et adoptée pour dessert épiphane en lui gardant sa fève, nourriture des pauvres et symbole de fécondité. Les boulangers aidant, la coutume s’est maintenue jusqu’à nous sauf que la fève a dû se retirer du jeu en cessant d’être cultivée. Mettons que le haricot sec ait eu quelques droits à lui succéder, mais le fayot de terre cuite, simulacre stérile, allait donner carrière à toutes les fantaisies de la céramique et précipiter la pagaille des signes. L’avènement et la vogue d’un petit nourrisson emmailloté fit croire un instant au pieux complot qui ramènerait l’enfant Jésus au souvenir des convives, mais le bébé fut tout de suite et bizarrement appelé baigneur. Sous ce nom il n’avait plus grand espoir d’entrer au service de la tradition. On eut beau faire ici et là quelques efforts pour le sortir de sa condition profane, le baigneur l’emporta. Mieux encore, on nous persuade aujourd’hui que n’importe quoi fait fève. Relâche, facilité, laxisme, erreur, il n’y a pas de n’importe quoi. Dans la dernière fournée ils ont trouvé moyen de glisser dans nos galettes un petit bouddha, ce n’est pas n’importe quoi, même pas n’importe quel bouddha. Il est gras et ventru, accroupi dans une posture inhabituelle, son nombril est situé à l’intersection des bissectrices d’un triangle aigu où il s’abrite comme sous une chape. Un expert pourrait nous dire à quelle secte bouddhiste nous devons ce gadget de solidarité spirituelle au bénéfice d’une épiphanie de synthèse, adulte et mondiale. Les inquiets se sont interrogés sur la mission de ces micro-bouddhas introduits subrepticement dans le sein feuilleté de l’Occident ; ils y soupçonnent la main de Mao, le petit véhicule mystique aux gages de la révolution, la pilule de nirvana pour l’abrutissement des derniers factionnaires de la chrétienté. Les conciliateurs ont tout simplement fêté la surprise du quatrième roi mage, on n’attendait plus que lui pour découper la galette suprême au symposium des prophètes mélangés. Quoi qu’il en soit je me demande pourquoi la présence d’une figurine orientale humblement nichée dans la plus populaire de nos pâtisseries familiales pourrait nous surprendre ou nous alarmer quand le Saint-Père nous rapporte encore un bouddha dans ses bagages et qu’au Vatican, paraît-il, on ne sait plus où les mettre.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><i>Itinéraires, Le cours des choses, 1972</i></span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-65446994851365954442022-12-09T11:21:00.002-08:002022-12-09T11:21:39.419-08:0030e anniversaire de la mort de Jacques Perret<p><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;"> </span></p><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;">
<span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;">En effet, le vieillissement accéléré
de la population est un problème à la fois économique et
sentimental. Il n'y aura de solution que dans une qualité de vie
également répartie du premier au troisième âge. Occupons-nous de
celui-ci et voyons un peu les expériences en cours.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;">Pour
commencer, il ne sera plus question de vieillesse ni de vieillards ;
ce sont là des mots crus dont le réalisme est douloureusement
ressenti par les ayant droits. L'autorité du langage administratif
et journalistique, magnifié par toutes les voix des mass media, peut
déjà se flatter d'avoir popularisé en les ressassant les
expressions « troisième âge » et « personnes
âgées ». Au demeurant, si la douceur des périphrases est
agréable aux chnoques, on ne peut pas dire qu'il s'agisse là
d'innovations. Hector en usait couramment à l'égard de Priam et les
enfants de Clovis eux-mêmes, chères petites têtes blondes et tout
coquins fussent-ils, en comblaient leur vieux père. Mais le
débordement des sollicitudes officielles dont les personnes zâgées
sont aujourd'hui l'objet a pris l'ampleur d'un engouement et, soit
dit sans venin, il peut s'en suivre un petit revenant-bon en période
électorale. Le succès du troisième âge dans l'opinion publique
est assez prouvé par son budget fabuleux. On va jusqu'à murmurer,
dans un sourire attendri, que les personnes zâgées qu'on voyait
naguère se traîner à la queue des soupes populaires, sont
aujourd'hui nourries à domicile du sang des travailleurs. On sait
que la pullulation démographique traversée par la philanthropie
galopante pose des problèmes. Or, comme il a coutume de le faire en
réponse aux questions brutales des voltigeurs de l'interviou,
Giscard a dit : « Pas de problèmes ! » C'est
pourquoi ceux-ci donneront lieu à création d'un sous-secrétariat
du Troisième Age dont l'étude est en cours au comité de
l'expansion ministérielle. Ce quarante-troisième portefeuille sera
contrôlé lui aussi et au premier chef par la Qualité de Vie,
autorité de tutelle par excellence. Toutes nos excellences ont
d'ailleurs les yeux fixés sur V.G.E., modèle et étalon de la Q.V.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;">Si
mes observations vous paraissent inconvenantes ou même teintées de
mauvaise foi, empressons-nous de les justifier. Remarquons d'abord
que tout ce déploiement de zèle et de propagande au bénéfice des
grands-pères a précisément lieu dans une société qui nous paraît
consentir par ailleurs et paresseusement à la destruction
progressive et légale des structures, us et coutumes familiales. On
m'excusera si j'ai même entrevu l'hypothèse où ces gâteries ne
seraient que l'appât d'un piège à vieillard. Conçus tout exprès
pour eux, des parcs d'attractions s'organiseraient ici et là de
telle sorte qu'éblouis et tourneboulés par les révélations d'une
vie de qualité, les pensionnaires n'en voudraient plus sortir. Il
serait alors bien facile, un jeu d'enfant, de procéder à
l'extermination du troisième âge, ne serait-elle que morale. On en
finirait une bonne fois avec la légende, le respect, la sagesse, le
prestige imposteur des personnes zâgées, insolente et parasitaire
engeance.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;">Je
n'en parle pas à la légère. Nous avons des commencements de
preuves. Nous avons pu voir une émission télé-réclame en faveur
d'un centre d'accueil et d'accession à la qualité de vie du
troisième âge : sur fond musical pop des grands-pères
travaillent au tapis leurs muscles abdominaux, des grands-mères en
minijupe s'évertuent à des exercices de flexion extension des bras,
de vénérables créatures sont initiées aux libérations du yoga,
des couples séculaires aspirant au troisième souffle s'évertuent à
danser la bamboula cependant que d'ineffables duègnes s'abandonnent
aux derniers raffinements du massage automatique, et que d'antiques
ménagères en relaxation sur fauteuil médical, les yeux clos la
bouche ouverte, se font tripoter le visage par de joviales
esthéticiennes, et tapoter les poches et pinçoter les rides au
chant d'une trompette frémissante etcetera. Visions de cauchemar, le
casino des zombies, on se refait une beauté, on se met en forme pour
le jugement dernier, Edgar Poë extrapolé par Léon Bloy, mise en
scène du Grand Guignol.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;">Un
jour les enfants s'étaient concertés discrètement : «
Alors ? On essaye d'envoyer pépé et mémé au gérontorium ? Ils y
ont droit. » Ailleurs on disait le grand dab et la vioque.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;"><i>Les
chnoques aux chiottes !</i> Ce
graffiti au crayon feutre et calligraphié dans la station de métro
Mouton-Duvernet sur une affiche représentant un vieux couple hilare
se goinfrant d'une friandise philanthropique, c'est la modeste rançon
du traitement Q.V. pour personnes zâgées. Chnoque moi-même
l'inscription n'était pas de ma main. »</span></p>
<div id="sdfootnote1"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: trebuchet; font-size: medium;"><i>Itinéraires</i>,
n° 201, mars 1976, Le cours des choses</span></p>
</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-69763853028755925912022-09-11T06:51:00.001-07:002022-09-11T06:52:02.372-07:00Au bœuf couronné (1953)<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"> <br /><span style="font-family: verdana;">Sans
professer, comme le voudrait la République, un fidèle attachement à
la couronne d’Angleterre, je prie S.M. la reine Élisabeth de
vouloir bien trouver ici l’expression de mon profond respect. Je la
prie également de m’excuser si je n’assiste pas au couronnement
et de comprendre aussi bien ma décision de ne plus lire les journaux
de mon pays tant qu’ils prodigueront leurs soins à l’exaltation
d’une cérémonie dont ils devraient rougir. Comment me
réjouirais-je de la fête de famille qui se prépare chez les
voisins, moi qui suis orphelin dans la maison des assassins de mon
père ?<br /></span><span style="font-family: verdana;">Détestable
aux siens la République veut plaire aux autres, et si elle a mis en
berne pour la mort de Staline elle fera sans doute, de la coronation,
une fête chômée. C’est à qui, dans la presse issue, chantera le
plus haut les louanges de la continuité monarchique au nom de
l’Angleterre, mère des révolutions, douairière des libertés
démocratiques. Admiration éberluée, stupides attendrissements,
découverte incongrue de la grandeur et du merveilleux, tartines
d’impudeur, mystifications en double page et duperies en couleurs.
Non, je n’admets pas que le régime qui m’a élevé dans
l’horreur des superstitions, l’exécration de la fidélité, le
dédain de toute majesté, l’aversion des dynasties et le mépris
des liens d’amour entre un peuple et son roi, me convie aujourd’hui
à célébrer dans la joie la gloire d’un trône étranger pour la
seule raison que ce trône est anglais. La Révolution nous vint
d’Angleterre et la République reconnaissante, cocue magnifique,
proclame son indéfectible admiration de la monarchie étrangère
dispensatrice avisée des chienlits démocratiques.<br /></span><span style="font-family: verdana;">Combien
m’est doux en revanche le spectacle de nos compétitions
municipales, de cette course au fromage sous l’étendard d’une
volonté populaire librement épanouie dans la maturité politique,
de ce critérium des affamés vers l’idéal nourricier des bons
beurres doctrinaires. Nous, au moins, nous avons la tête sur les
épaules et les pieds sous la table. Je ne sais si vous l’avez
observé comme moi, mais jamais on n’a vu tant de communiqués et
photographies célébrant nos élites et nos élus en exercice de
collation publicitaire, bectances de propagande et gueuletons
républicains. Députés en dégustation et ministres à table. Ce ne
sont que taste-vins, poulardes au bleu, brochets truffés et
allocutions aux foies gras de la France immortelle. Accompagnés de
leurs dames. Nous avons eu, cette semaine, entre autres, les époux
Bidault qui n’ont pas hésité à grimper sur la tour Eiffel pour y
casser je ne sais quelle croûte mirobolante arrosée des vins les
plus diplomatiques ; et aussi M. Marie attablé avec
Mme Colette en attendant de boire avec les hôteliers pour
l’inauguration des vacances avancées. Pressons pour le deuxième
service : M. Auriol, maître d’hôtel, priera les
convives de s’essuyer la bouche et d’aller digérer dans quelque
sinécure pour céder la place aux invités qui se bousculent dans le
couloir. Il faut rendre cette justice à la presse qu’elle nous
rend une fidèle image de la IV<sup>e</sup> Gargottière et de sa
clientèle à fourchette. Par ici la bonne soupe. Le pouvoir est
éphémère, le temps qu’on y est c’est la double gamelle et on
pense à sa sœur. Et les beaux voyages aussi, avec wagon-restaurant
et Marseillaise au champagne. Les délices du pouvoir se sont
rabougris au niveau de l’assiette. On n’a plus le temps, ni la
classe, ni les moyens de se désintéresser des petits profits.
Racontez tout ce que vous voudrez sur les charmes du pouvoir, l’odeur
qui attire et qui retient est celle du beurre blanc à l’œil. Tout
élu porte écu d’argent à trois biftèques de gueules en sautoir,
et si j’y ajoute un semis de pommes frites ce n’est pas la
sagesse populaire qui me démentira.</span></div><div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><h2 class="western">Au bœuf couronné, Aspects de la France, 30 avril 1953, n°241</h2></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-73918315767374171592022-08-29T21:40:00.000-07:002022-08-30T10:00:41.971-07:00Fournitures scolaires<div align="left" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; font-weight: bold; line-height: normal;">
Cahier de brouillons </div>
<div align="justify" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; line-height: normal;">
C'est le plus gros des cahiers, le plus sympathique, le plus confidentiel, le plus affectueusement mal tenu. En fin d'année, il prend volontiers des allures de sublime témoin glorieux et perclus des campagnes scolaires. L'ennui est qu'il faut l'acheter neuf et qu'il ne prendra qu'à la longue son caractère brouillon. On admet très bien l'état neuf pour le cahier de textes ou d'histoire et l'élève le plus dissipé, le plus gâcheur, sera tout naturellement gêné par ces feuillets virginaux qu'il abordera d'une plume respectueuse, au moins pendant les deux premières pages. Mais la première page d'un cahier de brouillons, c'est une autre épreuve ; il faut vaincre cette fausse candeur d'un papier blanc qui ne rêve, en réalité, que des pires outrages. Le mieux c'est de l'attaquer d'emblée avec trois pâtés, une douzaine de lignes raturées, une caricature outrancière et un de ces graffiti abstrait où la plume libère toutes les richesses de l'inconscient pendant que le cerveau fonctionne sur les cimes. Malgré cela, vous n'aurez pas encore une vraie page de brouillon, elle trahira le convenu et la supercherie, vous n'aurez fait qu'un faux brouillon comme le peintre fabrique un faux primitif et ce n'est qu'à la fin du trimestre que le cahier commencera de justifier son nom avec ses belles pages échevelées, tantôt fougueuses et tantôt rêveuses, avec les bavures du génie à l'état brut, les ratures primesautières, les taches émouvantes comme d'héroïques ecchymoses, les arabesques hermétiques et ces profils extravagants qui ne peuvent éclore qu'entre deux contre-sens. Je m'étonne que l'Université, où la mode est aux tests, n'ait pas encore institué l'examen psychanalytique des cahiers de brouillon.</div>
<br />
<div align="left" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; font-weight: bold; line-height: normal;">
Protège-cahiers</div>
<div align="justify" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; line-height: normal;">
Je les ai toujours tenus en estime jusqu'au jour où un maître fit couvrir nos protège-cahiers avec du papier bleu. Le prestige du protège-cahier en fut ruiné. A cet âge, on a l'imagination rapide et, en un clin d'oeil, j'ai entrevu l'impossibilité humaine de mettre un frein à l'obsession protectrice ; j'ai compris que la protection des cahiers pouvait conduire au vertige de l'infini et que Dieu seul détenait la notion du protège-cahier-en-soi, au fin bout de la série indéfiniment tutélaire des protège-cahiers à la puissance n.</div>
<br />
<div align="left" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; font-weight: bold; line-height: normal;">
Plumiers</div>
<div align="justify" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; line-height: normal;">
Cette boîte parallélépipédique était souvent de cuir bouilli ou de carton-pâte, vernie noire à l'intérieur avec, sur le couvercle, un sujet colorié qui décidait de notre choix : cyclistes en maillots rayés ou petits bateaux de pêche. Les cancres optaient volontiers pour les cyclistes, et les bons élèves pour les petits bateaux. Dans les plumiers à cyclistes, on trouvait souvent du poil-à-gratter, des amorces, un petit pistolet à pomme de terre et un bout de zan soudé au vernis. Le porte-plume neuf, acheté pour la rentrée, était souvent choisi de forme rationnelle, parfois même avec l'emplacement idéal des doigts selon le dernier mot de la pédagogie hygiénique. Il fallait environ huit jours de succion amère pour débarrasser l'extrémité d'un porte-plume neuf de son vernis et lui donner cette consistance fibreuse et attendrie qui favorise la salivation, entretient le rêve et délie l'imagination.</div>
<div align="left" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; font-weight: bold; line-height: normal;">
Plumes, règles, etc...</div>
<div align="justify" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; line-height: normal;">
La question plume était toujours l'occasion de laborieux tâtonnements et, jusqu'au jour où le stylo fut introduit dans les mœurs scolaires, je n'ai jamais pu me décider entre la sergent-major, la demi-molle, la tête-de-mort ou la baïonnette. Chacune avait ses vertus ; je n'étais plus le même garçon selon que j'écrivais avec une tête-de-mort ou une sergent-major, et vous devinez tout ce que la plume baïonnette, tordue comme la foudre, véritable aberration de l'industrie plumière, pouvait inspirer de divagations catastrophiques. Neuves ou encrassées, toutes mes plumes ont trouvé une noble fin dans le jeu qui consiste à introduire le bec de la plume dans la fente du pupitre pour en faire un projectile sournois ; c'est le principe de l'onagre, machine de guerre en usage chez les Romains.<br />
<a name='more'></a>Il y aurait long à dire aussi sur la règle et son apprentissage rebutant. Sous une addition calligraphiée, on tire un trait délicat que la règle, en s'écartant, étale comme un panache de tempête. Malheureusement, à cet âge, nous étions très peu à savoir que sous une addition, juste ou fausse, un trait bien baveux ajoute un cachet romantique des plus heureux sur l'équilibre de l'univers. Beaucoup à dire aussi sur les gommes, les gommes à encre en particulier, qui ont pour effet de transformer une tache loyale, ou une faute de participe respirant la bonne foi, en un brouillon pelucheux, innommable ordure, halo suspect où la vétille devient tumeur maligne et foyer d'obscurantisme. Quant au papier buvard, c'est une question qui va loin. Nous entrons là dans le domaine de la féérie. Sauf exception d'ailleurs, les adultes ont perdu l'amour et la connaissance du papier buvard. Si, Dieu merci, il m'en reste encore quelque chose, c'est que j'ai consacré un bon quart de cycle scolaire à découvrir, analyser et mettre en valeur les immenses ressources du papier buvard, complice de toutes les évasions scolaires, pompeur de l'inconscient et révélateur de l'oisiveté surréaliste. <br /></div>
<div align="left" style="color: #222222; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; line-height: normal;">
Le rire, n° 35, novembre 1948</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-30157996933614630862022-07-05T22:31:00.001-07:002022-07-05T22:31:49.311-07:00Les vacances basiques<!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--><div><div><div class="MsoNormal"><span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">Que l’ouverture officielle des vacances soit avancée au 2 juillet,
soit ! cela peut donner aux parents l’espoir d’en finir avec cette
première quinzaine de plus en plus stérile et vasouillarde au point de vue
labeur. Les maîtres sont requis pour les examens, les pions préparent leurs
concours personnels, les élèves débrayent et terminent le parcours dans les
heures de permanence lesquelles ne sont pas toujours désagréables, mais
généralement dénuées de valeur éducative. Et encore, j’admets que le climat
particulier des heures de permanence puisse influencer favorablement la culture
générale. J’ai connu des heures de permanence, merveilleusement stériles, qui
pèsent plus lourd dans mon bagage que beaucoup d’heures de classe.</span></span></div>
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoNormal">
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">Remarquons en effet qu’à l’opposé des parents, les élèves,
eux, s’accommodent généralement bien de cette quinzaine traînante et il faut
même avouer que cette agonie caniculaire de l’année scolaire vaut la peine
d’être vécue si j’en crois mon garçon.</span></span></div>
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoNormal">
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">Néanmoins, si la période creuse n’était pas reportée sur la
dernière quinzaine de juin comme tout le monde s’y attend, on pourrait estimer
que la situation serait éclaircie. En revanche, la rentrée au milieu de septembre
me paraît une brimade insensée. Il s’agit d’une appréciation tout à fait
subjective qui reconnaît à Septembre des vertus extraordinaires. Il serait trop
long d’expliquer pourquoi, en refusant à l’écolier la jouissance de cette
dernière quinzaine, le législateur accomplit à mon avis un geste inconsidéré
qui peut compromettre assez gravement la santé morale et intellectuelle des
générations futures. Mais il est permis de s’étonner qu’en l’occurrence
l’industrie hôtelière ait imposé sa loi à l’Éducation Nationale. Cela fait
longtemps que je surveille de près le fléau touristique. À partir du moment où l’on
instaurait un Ordre de Chevalerie Touristique, on pouvait mesurer avec
précision le niveau de la décadence. Pour définir sa position devant l’armée
européenne, la France attend les directives de la fédération des hôteliers.
Notez en outre que le communiqué officiel annonçant le décalage des vacances
prend soin de justifier sa décision par l’exemple de l’Angleterre et de
l’Amérique. Ainsi nous n’aurons plus à rougir de nos vacances archaïques, et
nos collégiens arriérés seront enfin dignes d’être intégrés dans les
disciplines de l’occident civilisé.</span></span></div>
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoNormal">
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">Guide supérieur de nos destinées, le commissariat au
tourisme, d’accord avec les syndicats d’initiative, donnera prochainement son
avis sur la réforme des programmes scolaires et ses instructions relatives à
l’enseignement obligatoire du français basique, ou basic french, au nom des
intérêts supérieurs et universels du tourisme. À bien regarder, un grand pas
était déjà fait vers l’idéal digest et la sublimation quintessentielle de la
langue par la réduction progressive des heures de français. En classe de 4<sup>e</sup>,
trois heures y sont consacrées par semaine. L’année prochaine la compression
sera probablement portée à une demi-heure, au bénéfice de l’anglais basique. Le
galimatias européen prend tournure. C’est le moment de se taper le basique sur
le trottoir en hommage au baragouin libérateur.</span></span></div>
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc383515266"><i>Aspects de la France</i>, Les vacances basiques, 6 février 1953, n°229</a></span></span><br />
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<span face=""Trebuchet MS",sans-serif"><span style="font-size: small;">
</span></span></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-4991438589573926822022-06-17T22:50:00.000-07:002022-06-18T09:02:21.692-07:0018 juin<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS",sans-serif;"><span style="font-size: small;">En mettant la main à la plume pour étudier l'évolution des
complexes gaullistes dans le bonneteau électoral et le crabier parlementaire,
je m'aperçois qu'aujourd'hui nous sommes le 18 juin. C'est la date anniversaire
de l'événement historique connu sous le nom d'Appel du 18 juin. Par cet appel
le général de Gaulle<span> </span>invitait les combattants à le suivre outre-mer
et à continuer la lutte sous son autorité.</span></span></div>
<div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS",sans-serif;"><span style="font-size: small;">Personnellement je n'ai ni honte ni mérite à n'avoir pas
répondu à cet appel car, dans le coin où je me trouvais, le bruit couvrait la
voix du général. Un bruit d'ailleurs qui nous occupait de telle sorte qu'un
appel de ce genre pouvait difficilement nous concerner. Nous étions aux
environs de Toul et le chef de bataillon qui nous avait menés jusque-là non
sans peine depuis Longwy, avait résolu de faire demi-tour par principe, de
prendre position et d'employer au mieux ce qui restait de munitions. Tout le
monde pensa qu'une telle décision était parfaitement conforme à la règle du
jeu. Comme nous étions très fatigués, je ne peux savoir exactement si notre
attitude était plus inspirée par le zèle de combattre ou l'impatience de mettre
sac à terre, mais il serait idiot de nous chicaner sur ce point. Toujours
est-il que nous jouâmes aux petits soldats pendant quarante-huit heures devant
l'ennemi qui fut bien obligé d'en faire autant. Peut-être que lui aussi était fatigué
et que ses mitrailleurs acceptèrent la provocation avec soulagement. Il y a des
moments où, de part et d'autre, dans une guerre de mouvement accéléré, la piétaille
est disposée à payer le prix fort de la pause. Après tout on ne sait jamais,
cela pouvait donner des espèces de Thermopyles ou une sorte de Marne, mais l'histoire
a tourné autrement et ce ne fut qu'une modeste prise de contact, tout ce qu'il
y a de réglementaire, mais sans effet stratégique et sans poids sur le destin
des nations. Quoi qu'il en soit notre affaire se déroula dans le bruit habituel
à ces rencontres et nous ne pûmes percevoir l'appel d'un général qui, au
demeurant, n'était pas celui de notre division. Nous fût-il parvenu que, à mon
avis et si mes souvenirs sont exacts, le bruit ambiant avait une tonalité trop
conventionnelle et classique pour être favorable à l'idée de désertion,
fût-elle héroïque, historique, et marquée du signe rédempteur de la réussite.</span></span></div>
<div class="parafin">
<span style="font-family: "Trebuchet MS",sans-serif;"><span style="font-size: small;">Comme tout le monde j'ai fait ce que j'ai pu pour croire à la
réussite providentielle de l'homme du 18 juin. La réussite ayant mal tourné, je
ne puis m'associer à l'anniversaire officiel du 18 juin sans réserver une
partie de ma ferveur pour le 18 juin de mon bataillon et rendre à ses morts les
honneurs discrets qui conviennent de plus en plus aux victimes du devoir
conformiste.</span></span></div>
<div class="parafin">
<br /></div>
<div class="parafin">
<span style="font-family: "Trebuchet MS",sans-serif;"><span style="font-size: small;">18 juin, <i>Aspects de la France</i>, 20 juin 1952, n°196 </span></span></div>
Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-78732139832159120042022-04-07T22:38:00.001-07:002022-04-07T23:05:36.771-07:00Le scrutin au lancer léger<span style="font-size: medium;">Le complot n'est pas où vous croyez. La cinquième colonne a son état-major au sein même du cabinet. Admirable machination sous la caution d'étiquettes anodines, tortueuse conspiration dont l'animateur est l'un des personnages les plus notoirement démocratiques, les plus hautement bénins et, ce qui ne gâte rien, les plus finement lettrés de notre vieille élite parlementaire : M. Yvon Delbos. Je ne plaisante jamais avec les grands noms de la République et voici mes preuves.<br />Avec la complicité de son collègue de l'Agriculture, le ministre de l'Éducation nationale vient d'adresser une circulaire aux directeurs d'écoles normales des quatre-vingt-dix départements. Par ce manifeste, le grand maître de l'Université proclame que nos rivières constituent un patrimoine inaliénable et la pêche à la ligne un délassement salutaire. Si vous trouvez que les batteries ne sont pas démasquées, si vous estimez que la proclamation s'apparente au blabla ronflant d'innocents comices, apprenez alors que les directeurs sont expressément conviés à organiser des conférences sur la pêche dans les écoles normales, d'accord avec l'administration des Eaux et Forêts et les fédérations de pêche et de pisciculture. Donc, en pleine fièvre électorale, alors que les forces vives de la nation sont dressées contre les lames de fond de l'abstentionnisme obscurant, l'ordre est lancé en haut lieu et propagé par tout l'appareil administratif jusque dans les plus humbles circonscriptions, d'envoyer le corps électoral à la pêche. Ne pensez pas qu'une circulaire annexe prévoie l'expédition de scrutateurs amphibies collectant les bulletins par étangs et rivières ni l'envoi d'équipes volantes pour le vote à la mouche de mai. Non. C'est l'exaltation sans mélange de la pêche à la ligne totale. Tout le monde aux bambous, foin des urnes ! Pressés par les ministres eux-mêmes de courir à leurs engins factieux et de brandir les attributs traditionnels de l'abstention, les électeurs les plus déterminés ont été la proie du doute. Quelle conscience républicaine, si frétillante soit-elle à l'idée d'accomplir son devoir électoral, ne serait ébranlée par de si hautes et vibrantes exhortations ? Jamais harangue officielle, même les appels au fric dits de salut public et de consolidation républicaine, ne furent si pressants et pathétiques. L'heure est grave et ce n'est pas le moment de préférer les délassements funestes de l'isoloir au délassement salutaire de la gaule refendue. Le message a été entendu : les parties vraiment saines du corps électoral se sont abstenues dans le calme et la dignité, et M. Delbos peut se vanter d'un joli succès avec les 40 pour cent de pécheurs à la ligne unis dans la défense d'un patrimoine inaliénable contre les fallacieux appâts de l'urne braconnière. De frais cours d'eau garnis de scions, de sveltes libellules à la pointe des bouchons, de fines bouteilles baignant dans les roseaux, d'honnêtes regards attentifs à la touche, voilà le vrai paysage de la maturité politique par un beau soleil de scrutin cantonal.<br />Pour parler sérieusement, je crois que M. Delbos en cette affaire a témoigné d'un zèle inutile et peut-être excessif. Il est certain que le Français montre un goût pour la pèche à la ligne. Son goût est-il naturel et millénaire ou bien lui vient-il en contrecoup des institutions républicaines ? C'est une autre question. Mais le fait est là : mouiller du fil est sa tentation saisonnière, et si la propagande officielle, avec ses pataquès et ses flaflas, se mêle de patronner le blé cuit, de subventionner l'asticot et de faire inaugurer les trous à tanches par le préfet, les amateurs vont se méfier, ils vont flairer quelque piège, soupçonner quelque hameçon et nous risquons de voir les meilleurs des Français déserter l'ombre des saules pour aller, à contrecœur et par dépit, taquiner le bulletin. C'est très grave. Il ne faut pas être bien malin pour comprendre que les pécheurs à la ligne n'ont pas dit leur dernier mot et que la vraie France se tient en réserve dans le clan des abstentionnistes.<br />
<br /><i>Le scrutin au lancer léger</i>, Aspects de la France, 31 mars 1949</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-1201516863458620462022-03-16T23:32:00.001-07:002022-03-16T23:32:21.240-07:00Je me désiste en faveur de T.V.<p align="justify" class="western" style="page-break-before: always; text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"> « Tout me disposait à briguer la
succession du général de Gaulle : j’avais de la présence et
du commandement, le sens de la politique sidérale, un bon coup de
fourchette, le don de prophétie, l’art de faire sauter la coupe et
de pousser le refrain au dessert, le culte de la vérité latente, le
monologue irrésistible, l’œil limpide et fascinateur, toutes les
grâces du corps et de l’esprit. Je ressentais en outre cette
vocation, cette voix mystérieuse de l’Histoire qui nous appelle à
la domination des peuples, nous autres caporaux. Les amis me
pressaient : il serait temps, disaient-ils, que le génie retenu
dans vos deux galons de laine balayât du deux étoiles dont
l’écrasante modestie à cessé de nous épater.</span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western">
</p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Sans
plus résister à ces marques de confiance, j’avais donc posé ma
candidature, discrète, et pris mon souffle pour une entrée en
campagne assez fracassante. L’éloquence était mon arme secrète.
Prudent, je n’avais de ma vie parlé que trois fois en public et
bien rares étaient ceux qui pouvaient témoigner de ma puissance de
tribun. L’effet de surprise allait confondre l’ennemi. Hélas !
je n’avais pas encore ouvert la bouche, venant à peine de poser ma
plume de chroniqueur léger, que le facteur des recommandés me
présentait un papier bleu ciel portant inculpation pour offense au
chef de l’Etat. Il en survint comme ça, coup sur coup, une bonne
demi-douzaine. C’était plus qu’il n’en fallait pour me rendre
inéligible. Ainsi l’adversaire se dérobait-il au combat. Je vous
laisse apprécier la qualité de cette carence et la consternation de
mes troupes.</span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western">
</p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Grâce
à Dieu, j’avais prévu les accidents et repéré dans le lot de
mes concurrents un homme sur lequel je pense toujours ne pas me
tromper en disant qu’il a non seulement la volonté mais les moyens
de mener jusqu’au bout et à bien une entreprise dont je ne suis
pas le seul Français à désirer le succès. J’ajoute que, dans la
harangue ou l’exposé, il n’est pas maladroit. Sa manière de
vous sortir la vérité sans l’avoir apprise par cœur et devant la
glace serait même capable de réveiller le public endormi par sept
ans de mensonges récités. Je lui ai donc aussitôt passé mes
chances. Ecartant les offres qui m’étaient susurrées par
ailleurs, sinécures, ponts d’or, et petits fours, j’ai fait don
gratuit à Tixier-Vignancourt des onze voix dont je m’étais assuré
par serment – onze amis absolument sûrs dont trois gaullistes
férocement repentis, un capitaine clandestin, deux épurés du
premier règne, deux radicaux cocardiers et trois réfractaires de la
messe en français, tous unis comme au front. Je lui ai donné
également, s’il en était besoin, la leçon qui me fait
inéligible.</span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western">
</p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">D’aucuns
m’ont demandé dans le tuyau de l’oreille si je n’avais pas
stipulé, en clause secrète et en cas de succès, un désistement
éventuel au bénéfice de Mgr le comte de Paris. Il n’en a même
pas été question et quant à moi, pour des raisons diverses, je
préfère qu’il n’en soit pas question. C’est le petit côté
faiblard de mon sens politique : je suis devenu, sous la
pression des circonstances, grand amateur de situations nettes.</span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western">
</p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Depuis
que je connais T.V. je le vois ennemi du général de Gaulle,
patriote comme mon père, antimarxiste et de ce fait obligé de la
tradition chrétienne, anticlérical éclairé avec un préjugé
favorable pour les longues soutanes, plutôt attentif aux choses de
la justice, généreux, brave et gai, mettant de la ferveur où il
faut et du calcul où il sied, persuadé enfin que le gouvernement
des Français n’exige pas les services d’un géant glacé.
Constatant que ces bonnes dispositions n’ont pas varié, quelles se
sont plutôt confirmées, je souhaite que le suffrage universel, pour
une fois et tout monstrueux qu’il est, lui, se payât un homme qui
ne le fût pas.</span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western">
</p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="justify" class="western" style="text-indent: 0.5cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Et
je crois savoir, en plus, mais c’est le renfort d’une petite
raison égoïste, je crois savoir que le jour venu, la minute venue,
en présence du corps diplomatique et des ombres constituées, T.V.
s’approchera du grand gardien relevé d’une garde trop longue
pour lui prendre sous la veste le trousseau de grosses clés dont il
fera, tout de suite, le bon usage que vous savez, en fanfare s’il
plaît à Dieu. »</span><span style="font-size: small;"><sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"></a></sup></span></span></p><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p align="left" class="western"><i><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Texte paru à l'occasion de l'élection présidentielle de 1965</span></span></i><br />
</p>
<div id="sdfootnote1"><p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a></p>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-25542086639580662722022-01-27T22:10:00.002-08:002022-01-29T00:23:55.498-08:00"Le massacre de la rue d'Isly est impardonnable pour la République" <p><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"></span></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"></span></span></p><p><br /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><b><i>Votez oui</i></b></span></span> <br /></span></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;">On commence à savoir qu’à Bab-el-Oued, au cours de l’opération dite de Vigilance Républicaine, le nombre de Français tués par les forces de l’ordre gaulliste a dépassé 150. Les blessés en proportion. Rappelons que ce faubourg est habité par une population de riches nazis déguisés en ouvriers patriotes. Son attitude outrageait à la solidarité prolétarienne. <br /><br /> Votez oui pour le restaurateur de l’unité française épurée dans son hexagone. <br /><br /> En dépit des louables efforts du gouvernement pour présenter l’exploit avec humilité, on commence à saisir la besogne qui se fit derrière le bouclage et sous le bâillon. Tandis que les tireurs d’élite ajustaient les ménagères, le ratissage et la fouille s’effectuaient avec une telle énergie que les Musulmans eux-mêmes n’en croyaient pas leurs yeux. Ainsi Bab-el-Oued, ramassis de salariés fascistes, ne se vantera plus bêtement d’avoir donné ses fils pour le salut de la République et la libération de l’Alsace. <br /><br /> Votez oui pour le justicier des cités orgueilleuses. <br /><br /> On savait déjà que des avions militaires avaient bombardé à grenades lacrymogènes une population qui saura désormais pourquoi elle pleure. On commence à savoir que deux appareils particulièrement consciencieux ont exécuté des tirs à mitrailleuses sur une population qui avait encore à apprendre sur la haine des renégats. Le nom de ces aviateurs audacieux sera porté à la reconnaissance du peuple français en même temps que le texte de leur citation actuellement à l’étude. <br /><br /> Votez oui pour un chef si bien servi. <br /><br /> On commence à savoir que, peu après, la fusillade de la rue d’Isly, a fait 140 morts dans un cortège qui, par un odieux et vain stratagème, avait pris une apparence de procession familiale, comme si la vue de femmes et d’enfants pouvait détourner de leur devoir une compagnie de travailleurs au service de la fatalité historique. Le nom des officiers sera porté à la reconnaissance du peuple métropolitain en même temps que le texte de leurs citations actuellement à l’étude. Les drapeaux français capturés ou ramassés sur le terrain seront prochainement exposés dans la chapelle de l’Elysée. <br /><br /> Votez oui le rassemblement des enfants de la Patrie. <br /><br /> On commence à savoir que, contrairement aux informations d’un pouvoir trop beau joueur, ce ne sont pas des pieds-noirs postés sur de lointaines terrasses qui ont déclenché le tir. C’est bien à l’armée régulière gaulliste que revient l’honneur d’avoir ouvert le feu, feu roulant, chargeur sur chargeur. En outre, des constats ont été rédigés, photocopiés et mis en sûreté, par lesquels il est prouvé que la plupart des morts ont été frappés dans le dos ce qui établit sans discussion le délit de fuite. <br /><br /> Votez oui pour le vainqueur de la nouvelle Isly. <br /><br /> On se doutait bien que la vengeance gaulliste, atténuée par des informateurs trop soucieux de la modestie du pouvoir, s’était abattue en réalité avec toute la rigueur caractéristique des répressions républicaines, Mais on commence à savoir que M. Thiers fera figure de justicier pusillanime. <br /><br /> Votez oui pour le père du peuple. <br /><br /> Enfin nous savons que M. Ben Khedda, en son conseil, a décerné publiquement un satisfecit à l’armée française laquelle, dit-il, a suscité l’étonnement des observateurs par « l’heureuse rapidité de sa métamorphose ». Confondue par cet éloge sans précédent qui consacre le terme de sa glorieuse histoire, l’armée française ne songe plus qu’à regagner ses foyers dans le silence qui convient aux héros de l’obéissance absolue. <br /><br /> Vous donnerez aussi votre satisfecit au plus illustre des Français, le seul qui puisse nous délivrer de ces millions de Français dont l’amour obstiné nous fait honte et nous blesse. <br /><br /> Votez oui, et que le nom français désormais soit porté par la nouvelle race de Caïn.<br /><br /> <br /> <b><i>Votez oui</i>, Aspects de la France, 5 avril 1962, n°708</b> </span></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;">Cet article que l'on peut retrouver dans <a href="http://www.jacques-perret.com/bibliographie/chroniques/le-vilain-temps-2018/">"Le vilain temps"</a>, a été écrit à la veille du referendum sur les accords d’Évian.</span></span></p><p><br /><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;">Le massacre de la rue d'Isly, a eu lieu à Alger, le 26 mars 1962, une semaine après les accords d’Évian du 19 mars. Des soldats
français ont ouvert le feu sur des dizaines de manifestants opposés à l'indépendance.</span></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;">La phrase "<i>Le massacre de la rue d'Isly est impardonnable pour la République</i>" est issue d'une intervention d'Emmanuel Macron qui</span></span></span><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"> recevait des associations de rapatriés, </span></span></span><span style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;">le 26 janvier 2022.</span><br /></span></span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-85802230916092437122021-12-07T00:32:00.008-08:002022-01-22T09:28:15.871-08:00Le Caporal épinglé en audio sur France Culture<p class="MsoNormal"> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGqwTnA05zZuNnKVKNmya5p-3UNr8I4XF0B-lVm3lJwRz0XQamwHBe6huiWccCY6epznyO0GWgAdgvLiNESg5h7CKyuEKRjLhcaE9uCUJ-inLhb9-e5TcD_-Z6h4Gr9de1v-isWTQ2_lsr/s237/jackette-caporal.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="237" data-original-width="160" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGqwTnA05zZuNnKVKNmya5p-3UNr8I4XF0B-lVm3lJwRz0XQamwHBe6huiWccCY6epznyO0GWgAdgvLiNESg5h7CKyuEKRjLhcaE9uCUJ-inLhb9-e5TcD_-Z6h4Gr9de1v-isWTQ2_lsr/w160-h220/jackette-caporal.jpg" width="160" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;">L’adaptation radiophonique réalisée par Jacques Perret et Jean Forest à
partir du <b><i>Caporal épinglé</i></b> et initialement diffusée
en octobre 1958 sur la Chaîne Parisienne (RTF), sous forme d’un feuilleton de 45
épisodes, est rediffusée sur France Culture<span> en début de nuit (minuit) du mardi 04 janvier 2022 au samedi 22 janvier 2022, sauf les week-ends, à raison de 3 épisodes par nuit.</span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium;"><span>Interprétation François Périer (le caporal), Henri Virlojeux,</span></span><span style="font-size: medium;"><span> André Valmy, Jacques Torrens et Gaétan Jor et Jean Ozenne - Réalisation Albert Riera - Musique Maurice Jarre <br /></span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture" target="_blank">Les nuits de France Culture</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-1-15-parties-1-a-3-1ere-diffusion-13-au-15-10-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 1 à 3</a><br /></span></p><p><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-2-15-parties-4-a-6-1ere-diffusion-16-au-18-10-1958-chaine-parisienne" target="_blank"><span style="font-size: medium;">Parties 4 à 6</span></a></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-3-15-parties-7-a-9-1ere-diffusion-20-au-22-10-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 7 à 9</a></span></p><p><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-4-15-parties-10-a-12-1ere-diffusion-23-au-25-10-1958-chaine-parisienne" target="_blank"><span style="font-size: medium;">Parties 10 à 12</span></a></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-5-15-parties-13-a-15-1ere-diffusion-27-au-29-10-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 13 à 15</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-6-15-parties-16-a-18-1ere-diffusion-30-31-10-1958-et-01-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 16 à 18</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-7-15-parties-19-a-21-1ere-diffusion-03-au-05-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 19 à 21</a><br /></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-8-15-parties-22-a-24-1ere-diffusion-06-au-08-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 22 à 24</a> </span><br /></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-9-15-parties-25-a-27-1ere-diffusion-10-au-12-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 25 à 27</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-10-15-parties-28-a-30-1ere-diffusion-13-au-15-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 28 à 30</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-11-15-parties-31-a-33-1ere-diffusion-17-au-19-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 31 à 33</a> </span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-12-15-parties-34-a-36-1ere-diffusion-20-au-22-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 34 à 36</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-13-15-parties-37-a-39-1ere-diffusion-24-au-26-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 37 à 39</a> </span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-14-15-parties-40-a-42-1ere-diffusion-27-au-29-11-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 40 à 42</a></span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-caporal-epingle-15-15-parties-43-a-45-1ere-diffusion-01-au-03-12-1958-chaine-parisienne" target="_blank">Parties 43 à 45</a> <br /></span></p><p> </p>Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-26878215402877975102021-11-08T23:42:00.004-08:002021-11-08T23:42:39.434-08:00Beaujolais nouveau<p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Il
m’est parvenu d’Amérique une coupure de journal relative à la
politique laitière de notre Président biblique. Il s’agit d’une
dépêche de correspondant datée de Chatelet-en-Brie. J’ignore le
rôle dévolu à cette commune dans la comédie pastorale dirigée
par M. Mendès, mais Chatelet-en-Brie est un nom assez crémeux
dans la toponymie française pour cautionner ici les informations de
mon confrère américain.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Pour
commencer, il est dit dans cet article qu’en faisant boire du lait
aux enfants, M. Mendès « a révolutionné les habitudes d’une
centaine de générations d’écoliers français ». Je ne
chicanerai pas mon confrère sur l’hyperbole qui est la tentation
du journaliste et le principal ressort de toute propagande. Plus
loin, je lis : « On ne s’attend pas à voir un tel
breuvage accueilli avec joie par des écoliers qui ont bu du vin
depuis leur naissance ou peu s’en faut. » Le « peu s’en
faut » est un correctif de pudeur, car nous savons tous que le
sein des mères françaises fournit un beaujolais léger, mais
fruité. Le sevrage, il est vrai, se fait avec un vin plus corsé, de
telle sorte qu’à l’âge des premiers pas l’enfant peut
s’attaquer avec profit au mascara 14 degrés. Mon confrère précise
d’ailleurs que, chez nous, « les petits enfants ont coutume
d’emporter leur vin à l’école ». Qui d’entre nous, en
effet, ne se souvient avec émotion de ces casse-croûte enfantins
sur le coin du pupitre, autour d’un bon vieux litron qu’une mère
attentive avait glissé dans notre cartable ? Enfin, que Dieu
bénisse les efforts de M. Mendès pour « changer en
buveurs de lait ces petits ivrognes ».</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Encore
une fois, l’article en question n’a pas été écrit dans une
salle de rédaction du Nebraska, entre deux whiskys, par un boy à
visière, les pieds sur la table, le chewing gum derrière l’oreille
et l’œil encore charmé par la télévision du super-mendesman,
grand yogi du yogourt et terrific manager de la France gâteuse. Non,
c’est une dépêche datée de Châtelet-en-Brie, où le
correspondant américain a pu observer comme tout le monde les
écoliers titubants sur le chemin de l’école et les nourrissons
soifards chopinant dans la crèche municipale. Ces vieilles coutumes
du folklore gaulois n’ont pas pu se dérober à l’œil clair et
pénétrant d’un de ces reporters de l’Occident libre élevés
dans le culte des choses vues. La presse américaine a des moyens
d’information gigantesques, nulle vérité ne saurait lui échapper
et ses envoyés spéciaux finissent par raconter d’aussi charmantes
histoires que les rédacteurs soviétiques claquemurés dans leur
farouche ignorance. Maîtresse du destin atlantique, l’opinion
américaine dispose d’une documentation universelle qui la préserve
de l’erreur. Qu’il s’agisse de l’Allemagne, de la Russie, de
la Chine, du Viêt-Nam, du monde arabe ou des écoliers français,
nous lui voyons toujours cette même connaissance profonde et subtile
des diverses populations qu’elle s’est donné mission de
rééduquer à l’image des murs idylliques de la démocratie
pilote.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Ce
disant, bien sûr, je ne cherche pas à glorifier l’institution
vivifiante des bouilleurs de cru ni les records prestigieux de notre
consommation d’alcool ; mais si le confrère a pu voir chez
nous des tétines sur le goulot du gros rouge ou des écoliers saouls
depuis cent générations, je vois bien qu’au Nebraska ils ont tous
tété l’élixir de vertu pasteurisée et que le lait de la bonne
foi n’a pas caillé dans leurs biberons.</span></p><span style="font-size: medium;">
</span><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Je
ne prétends pas, certes, que nous ne sachions répandre et gober
sans broncher d’aussi belles fables. II y a dans le monde une
répartition d’erreur et de vérité à coefficient invariable et
les vitesses de propagation n’y changent rien. Nous aimons toujours
apprendre de la bouche des voyageurs que les naturels du Haut-Zipangu
portent les oreilles en pointe et une courte queue en trompette.</span></p><h2 class="western"><i><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: inherit;">Le vin du bébé, Aspects de la France, 31 décembre 1954, n°329</span></span></i></h2><h2 class="western"><a href="https://shop.via-romana-pro.com/litterature/164-du_tac_au_tac-jacques_perret-9791090029668.html?search_query=perret&results=15"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: courier;"><span style="font-weight: normal;">Du tac au tac, Editions Via Romana</span></span></span></a> <br /></h2><h2 class="western"><br /></h2><h2 class="western"> <br /></h2><p class="western" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"> </p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-28676670244910894012021-06-09T01:35:00.000-07:002021-06-09T01:35:23.740-07:00Tournée présidentielle<p style="text-align: justify;"> <span style="font-size: medium;"><span style="font-family: trebuchet;">Au cours d’une tournée qui sera probablement la dernière de ce
genre, le général De Gaulle est descendu sur la Corse. Dans cette
île intégrée jusqu’à nouvel ordre et par faveur, au territoire
Métropolitain, le général essayera de réchauffer un loyalisme
refroidi.<br />
A l’heure où j’écris ces lignes, on ne sait rien encore du voyage.
A l’heure où elles passeront sous la rotative, les événements
seront accomplis. J’écris donc un billet, le sachant déjà périmé.
C’est une faute professionnelle grave, mais je ne puis m’empêcher
à l’instant de rêver à la Corse.<br />
Si la Corse n’a droit qu’au discours passe-partout, le général
annoncera d’abord que hier n’est pas demain, ce qui est une vérité
à l’usage des imbéciles, et ensuite qu’il connaît ses problèmes,
vieille plaisanterie, qui a fait son tour de France.<br />
Si elle a droit à un petit supplément d’intérêt local, il
s’arrangera pour mettre Napoléon dans son jeu en le montrant
habile à sacrifier l’Egypte au bien-être de la République, et si
elle a droit à quelques allusions ou boutades à effet mondial, on
ne risque rien à parier qu’à travers l’obscurité de sa rhétorique
ou la vulgarité de ses apostrophes, il ajoutera le dédit au
mensonge et couvrira de sa caution en loque, une nouvelle injure
au nom français. Au cas où il se vanterait d’une attitude
raffermie en face du F.L.N., nous nous demanderons ce qu’il a
encore pu imaginer pour être agréable à nos ennemis.<br />
Fera-t-il usage de ce noble argument dit de l’Algérie onéreuse, de
l’Algérie parasite, de l’Algérie boulet, ce n’est pas tellement
sûr. Un Corse inconditionnel aura pu, au dernier moment, montrer
l’inconvenance d’un argument dont la Corse ne pourrait moins faire
que prendre la graine. Mais du très haut de sa personne, le
Grosmalin a déjà lâché plus d’une gaffe. On connaît le grand chef,
dit-il, aux gaffes et couleuvres dont il nourrit son peuple.<br />
Enfin, si le pèlerin de la Vérité doit saluer ce rivage à bras
levés, il n’en posera pas moins dessus un pied craintif et nous y
voyons trois raisons :<br />
1) Il se méfie d’une île qui pourrait, une fois encore, servir
d’escale ou de relai au parti français dont il est transfuge.<br />
2) Il se méfie d’une île où celui qui manque à la foi jurée, est
puni de mort par une justice familiale que le Pouvoir ne contrôle
pas.<br />
3) Il se méfie d’une île qui n’étant pas comprise dans le
périmètre de l’hexagone, aurait mal entendu les appels de
l’Histoire.<br />
Aussi, les ordonnateurs du voyage n’ont-ils pas lésiné sur les
frais de représentation : quatorze escadrons de gendarmes mobiles,
quatre mille compagnons de Sécurité républicaine, le ban de la
claque et l’arrière-ban de la clique. Oncques vit-on prince
français visiter son bon peuple en si grand appareil. On est
confondu par ce débordement de prestige, d’amour, de confiance et
d’allégresse. Montjoie ! Quatorze escadrons de gendarmes mobiles,
quatre mille compagnons de Sécurité républicaine, ayant tous en
poche leur ordre de mutation historique à la réserve générale de
l’O.A.S.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: trebuchet;"> </span></span><b>Le billet de Jacques Perret, Aspects de la France, 9 novembre 1961, n°687</b></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: trebuchet;"> </span></span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-41674929454211070602021-03-31T02:15:00.006-07:002021-03-31T02:17:16.336-07:00Cancel culture<p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;">
</span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Poitiers.
Vénérable cité gallo-romaine et qui peut au moins se flatter
d'avoir donné son nom à deux batailles réputées exemplaires des
tactiques médiévales : l'une est triomphale et l'autre affligeante.
La première en 732 fut en effet des plus heureuses où le roi
Charles à coups de marteau fit déguerpir en catastrophe Abderame et
ses Maures. La deuxième, en 1356 et contre les Anglais, fut
désastreuse, en dépit de Jean le Bon qui n'arrêta pas de se battre
à coups d'épée dans la grande bagarre où Philippe, son fils
attentionné, lui criait familièrement : « Père, gardez-vous
à droite, père, gardez-vous à gauche. » Aujourd'hui encore
et tout ignorants qu'ils soient de sa royale origine, l'avertissement
est toujours en vigueur dans les milieux centristes.</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Pour
peu qu’aujourd’hui ces bravades aristocratiques soient évoquées
dans nos écoles, on se fera devoir ou malicieux plaisir de mettre en
évidence l'horrible condition d’une piétaille toujours sacrifiée
à l'orgueil d’une cavalerie empanachée autant qu’empêchée
dans sa quincaille de Mardi gras. Les motards en tenue de Martiens
seront plus compréhensifs. Quant aux affaires de Poitiers, celle de
732 fait un cas particulièrement sérieux. Il y a quelques années
en effet, je vous parlais déjà d'une émission télé consacrée à
cette bataille et qui nous laissait inquiets sur le bonheur des
conséquences. Ils ont remis ça l'autre soir. Une demi-douzaine de
personnages diversement qualifiés avaient été réunis à la télé
pour discuter sur le thème des batailles, leurs causes et leurs
effets. Conduite et animée par M. Kahn, je crois, la discussion
avait pour prétexte, en présence de l'auteur, un ouvrage récemment
paru sur Poitiers n°1. Tout de suite une charmante personne prit la
parole et d'une voix délicieusement primesautière posa la question
suivante :</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>—
<span face="Trebuchet MS, sans-serif">Et d'abord, à quoi ça sert
les batailles ?</span></span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Entamé
de la sorte, le débat s'annonçait d'une qualité rare. Cueillie à
froid par une question si lourde échappée d'une bouche si
gracieuse, la docte assemblée en resta quelques instants comme deux
ronds de flan. Quelqu'un eut alors la présence d'esprit d'assener
une deuxième question absolument prioritaire :</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>—
<span face="Trebuchet MS, sans-serif">Sachons d'abord si la bataille
de Poitiers a eu lieu ou non.</span></span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Il
paraît en effet que certains polémologues, au-dessus de tout
soupçon auraient mis en doute la réalité historique de cette
bataille pour la réduire au mieux à une escarmouche entre un
détachement de pillards incontrôlés et une poignée de francs
soudards en vadrouille. L'animateur ainsi menacé dans sa raison
d'être fut aussitôt rassuré par l'auteur, lui-même piqué au
vif :</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>—
<span face="Trebuchet MS, sans-serif">La réalité de cette bataille,
dit-il, n'est pas discutable.</span></span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Ce
disant, il souriait à l'évidence, car enfin si ellen'avait pas eu
lieu, il ne serait pas là.</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">La
docte assemblée ne cacha pas son contentement et du même coup la
victoire des Francs ne serait pas contestée, mais attention :
surveillons nos paroles et demandons-nous s'il y a lieu de nous en
féliciter. Toute la question est là, et ce n'est pas le moment de
faire les marioles. Aussi bien l'auteur a-t-il déclaré tout de
suite et dans le sens qu'il fallait :</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>—
<span face="Trebuchet MS, sans-serif">Tout bien pesé, dit-il,
l'issue de cette bataille me paraît franchement regrettable. Il faut
voir les choses comme elles sont : à l'heure de Poitiers les Francs
sont encore un peu barbares et les Arabes déjà civilisés depuis
longtemps, à telle enseigne que…</span></span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">Et
cetera et cetera, je connais le tube, je tourne le bouton et vais me
faire un petit café, en ronchonnant : pourquoi cet homme qui a
sûrement des choses intéressantes à dire nous balance-t-il ces
banalités avec l'air de s'excuser d'un paradoxe inouï ? Voilà
quinze ans au moins que nous reconnûmes l'erreur et que la
réparation suit son cours dans le zèle et la dignité.
Rappelez-vous comment nos yeux furent dessillés par les justes
raisons de nos porteurs de valise et autres supplétifs
universitaires ou ecclésiastiques volant au secours des docteurs de
l'Islam qui se voyaient contraints d'en venir au rasoir pour corriger
la sauvagerie de nos laboureurs analphabètes. Allons ! Fier
Sicambre, lève la tête on te botte le derrière, confesse tes torts
et paye ta dette au Sarrasin on te baptise au pétrole. Que Charles
Martel soit enfin dégonflé de sa légende et nous prendrons en
pitié la mémoire des preux qui sont morts pour l'honneur des
ténèbres. Poitiers ! Jour de deuil, lieu de repentir et de
pénitence, là même où la vanité d'un petit maire du palais,
fanfaron pépinide marchant au signe de croix, eut la folie de barrer
la route à la civilisation. Hélas ! Il croyait bien faire, il faut
lui pardonner. Voyant sous ses coups détaler les cavaliers d'Allah,
il ne pouvait imaginer, ce héros mal léché, la funeste énormité
d'un exploit qui faisait mordre la poussière aux messagers du
Progrès. Le grand Abderame lui-même, calife ommeyade et culturel
qui traînait pour nous dans ses bagages <i>le Phédon</i>, le
Mektoub, l'algèbre et les houris, toutes les lumières de l'Orient
et la salade coranique, mourut dans la bataille. Frappé, dit-on,
horrible détail, d'un coup de francisque.</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span>
</span></span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif">J'ignore
de quelles autres batailles il fut question, Bouvines, Waterloo ou
Montcornet, qu'importe. Auditeur inconstant je m'en suis tenu aux
propos d'ouverture mais je brode consciencieusement dessus. Or parmi
les raisons de Poitiers je n'ai pas entendu évoquer l'objectif
immédiat de l'ennemi, à savoir le sac de la ville de Tours et le
pillage de la basilique Saint-Martin, le plus précieux, le plus
vénéré de tous les sanctuaires de la nation franque. Il eût été
alors historique et décent de rappeler sur-le-champ ce qui faisait
la force principale de cette armée barbare, à savoir le baptême
chrétien, et le courage décuplé pour l'amour de Dieu. Jusqu'ici
nos écoliers avaient appris, même sous Jules Ferry, que Charles
Martel avait bien mérité de la patrie. L'historien officiel
reconnaissait volontiers que la démocratie, dans les années 730, ne
pouvait que patienter sagement sous l'aile déjà tutélaire d'une
chrétienté naissante. Mieux encore, il se félicitait en toute
sincérité que la vertu, la foi et le pouvoir des évêques
l'eussent emporté sur le fanatisme des émirs. Il est vrai que plus
tard, devenue conquérante et maîtresse d'un empire, la République
se donna le titre pompeux de protectrice de l'Islam, et qu'il
s'agissait de le protéger d'abord contre le zèle de nos curés
missionnaires.</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;">
</span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></span>
</p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;">
</span></span><p align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;"><span face="Trebuchet MS, sans-serif"><i>Belle
lurette</i>, Julliard, 1983</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: verdana;">
</span></span>Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-62784578420145211712020-11-11T00:47:00.000-08:002020-11-11T00:47:05.979-08:00Anniversaire<p> </p><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Paix
à son âme, soit ; à sa mémoire, non, et d’ailleurs il n’y
tient pas. Ses amis lui font un ramdam, nous lui ferons sa fête.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Je
soupçonne un peu que l’indécence et le grotesque inouï de cette
apothéose congolaise a été voulue et organisée de longue date par
le mort lui-même et ses barnums. Nous, aussitôt connue la mort du
grand Paon, avons dit et fait savoir à nos proches : « Attention !
Un ouragan d’imposture va déferler sur la France, fermez les
fenêtres, ça va sentir le soufre ».</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Mais
les odeurs et les rumeurs ont traversé les murs. M. Lazareff avait
bien dit que la terre avait cessé de tourner. Ce n’était plus
qu’un gros tam-tam à branler des mensonges. De ces folles journées
je n’ai pu retenir que des impressions décousues, les voici.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Un
troisième règne est commencé. Je ne parle pas d’un général
zombie qui viendrait s’amuser la nuit à jouer le tracassin parmi
les successeurs. C’est d’un autre Elysée qu’il s’agirait de
forcer la porte. Circonvenir le tribunal de l’histoire et lui
dicter son jugement. Autrement dit c’est le dernier processus qui
démarre en conclusion du programme rédigé de son vivant et de sa
main dans <i>Le Fil de l’épée</i>, où il est dit que l’important
ici-bas est de se faire un nom que la postérité retienne. Je crois
qu’il sera servi au-delà de ses espérances.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Le
voici déjà plus menteur mort que vivant. Tout fumants de fable et
de flagorneuse hyperbole, mille cantiques et mille oraisons lui ont
fait chauffer son dernier bain de foule. A bien écouter l’immense
rumeur elle donnait parfois une étrange impression de liesse et de
soulagement, tant il est vrai qu’à ce niveau, la douleur a les
accents de l’enthousiasme, et tant il est vrai que la mort est une
libération.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">On
suffoquait dans le pathétique hallucinogène. Les encensoirs
vomissaient le soufre en panaches. Venus des abîmes de la bassesse
toutes les variétés du galimatias sublime célébraient en
gémissant le gigantesque défunt où s’incarnait le génie de la
France. Il n’y avait plus en effet qu’à mourir après ça, et M.
Druon n’en était pas loin, étouffé par son pathos.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">De
tous les coins de l’hexagone on avait réclamé un grand concours
de chaudes larmes. Les populations accourues n’auront pu moins
faire que pleurer comme des veaux en hommage à celui qui se plaisait
à les conduire comme tels. Quel gâchis de larmes. Tant de larmes
innocentes pour la réclame du gang. Et en plus la révélation de ce
général planétaire doublé d’un poète à ses heures : la
mélancolie des frondaisons automnales dans les puanteurs de
l’épuration, le myosotis éclos sur le bourbier, le bouquet
printanier du scélérat bucolique. Ah ! si le maréchal avait
pu savoir, et Brasillach et Degueldre et les égorgés, les
suppliciés, les piétinés, les injuriés, s’ils avaient pu savoir
de quelles marguerites effeuillées on recouvrait leur mémoire,
là-bas, dans le parc.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Et
en plus le 11 novembre, la flamme, le soldat inconnu complètement
désarticulé, le pauvre, à force de se retourner dans la tombe.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Jour
de deuil, drapeaux en berne, ils ont l’habitude. Pour nous le jour
de deuil s’est levé plus ou moins incognito le 18 juin 1940. Il
s’est confirmé en 1945. En 1958 nous avons chanté le <i>Dies
irae</i>. En 1962 nous avons pris le crêpe que nous portons encore,
et l’illustre gardien de la parole a beau mourir nous n’irons pas
en consolateurs sur les charniers de harkis éparpiller ses cendres.
S’il en est parmi vous qui ont sablé le champagne, Bastien Thiry
n’était pas de la fête. C’est une mort gaulliste, elle nous rit
au nez. Il fallait la lui donner avant qu’il n’allât se laver
les mains dans l’encrier de ses mémoires. Quand on a laissé le
malfaiteur mourir de sa bonne mort en se tirant les cartes au coin du
feu, sa dépouille ne vaut pas qu’on aille danser dessus. Mais sa
mémoire il ne faudrait pas la rater. L’idole fait caution du gang
et nous aiderons l’histoire à la déshabiller de sa légende.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">La
place de l’Etoile, c’est bien, très bien, mais à la longue le
voisinage du troupier peut devenir agaçant. Le conseil municipal
ajouterait un grand prestige à l’unanimité qui le caractérise en
votant la permutation. Dirigé sur quelque ossuaire où la paix lui
serait enfin donnée, l’inconnu céderait la place et l’honneur
du général bien connu serait ainsi ranimé tous les soirs.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">En
couronnement de tout ça, le cardinal Daniélou nous a remplis d’un
espoir fou que la décence ne me permet pas de formuler ici. Disons
seulement qu’à l’appui de ce vœu éblouissant Moscou a aussitôt
fait savoir que le grand serviteur de la France et de Dieu serait
<i>ipso facto</i> promu héros de la République soviétique.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: AGaramond, serif; font-size: small;">Tout
cela nous montre assez qu’à partir d’une certaine densité, le
mensonge a non seulement les propriétés du soufre mais les effets
de la marijuana. Et Dieu sait de quel vent, demain matin, l’histoire
nous aura balayé tout ça.</span></p><p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;"><span style="font-family: AGaramond, serif;"><span style="font-size: x-small;"> </span></span></p><h2 class="western">
<i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: inherit;">Aspects de la France, Ras le bol…, 19 novembre 1970, N°1157</span></span></i></h2>
<p align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;"><span style="font-family: AGaramond, serif;"><span style="font-size: x-small;"> </span></span></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-29927122340836475782020-10-22T12:32:00.000-07:002020-10-22T12:32:24.474-07:00Décès de Jean-Baptiste Chaumeil<p><span style="font-family: verdana;"> C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons le décès de Jean-Baptiste Chaumeil, que les amateurs de Jacques Perret connaissent bien. Il n'a jamais cessé en effet, d'aider à le faire connaître et apprécier, par ses expositions, ses interventions dans la presse, sa revue des Amis du Caporal, ses nombreux passages sur Radio Courtoisie, ses préfaces à plusieurs rééditions, et sans doute, la plupart des gens qu'il croisait. Nous avons beaucoup coopéré dans la promotion de l’œuvre de Jacques Perret qu'il connaissait presque par cœur et ses avis étaient toujours judicieux.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana;">Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille.</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghIDiNcxrZ9ul6XwaakuX87L94MVeVxixpn0Twae8emGmd2gVo3yUXvpHnF7D365fhhY-V9TZIXgVwM_X8iFJ1qsn7GZwgjzPSUlvAfj7_MZIa0ldPzwZoShVKPAom76AnJyHgv6t1mmn9/s1305/D%25C3%25A9dicace-jbc.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1305" data-original-width="1155" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghIDiNcxrZ9ul6XwaakuX87L94MVeVxixpn0Twae8emGmd2gVo3yUXvpHnF7D365fhhY-V9TZIXgVwM_X8iFJ1qsn7GZwgjzPSUlvAfj7_MZIa0ldPzwZoShVKPAom76AnJyHgv6t1mmn9/s320/D%25C3%25A9dicace-jbc.JPG" /></a></div><br /><br /><p></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-62786944650779622692020-04-25T06:23:00.001-07:002020-04-25T09:06:32.372-07:00Rue Mouffetard (pendant le rationnement)<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">LE DIRIGISME EN MOUFFETARD (1948)</span></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br />D'abord j'avais paresseusement choisi pour titre <i>En remontant la rue Mouffetard</i>, mais j'ai tout de suite compris que les titres paresseux étaient les plus difficiles à justifier ; et j'ai craint aussi d'effrayer le lecteur par cette promesse de morceau de bravoure et tardive de poncifs. Ce n'est pas que je répugne au morceau de bravoure, bien au contraire, c'est la très honorable récréation de tout teneur de plume. Les poncifs non plus ne m'inspirent aucune aversion, ils sont à la base de toute littérature, et il y aurait même quelque mérite à les vénérer de nos jours où tant de beaux esprits les condamnent à l'envi par imbécile vergogne et puérile hantise du conformisme. J'avoue plutôt que le thème de la rue Mouffetard me décourage à l'avance avec sa trompeuse facilité, ses excès de richesse et les traquenards qu'il me tendrait dans le genre pittoresque, évocation truandière, digression sociale, économie ménagère, âme de la rue, etc. Remonter les Champs-Élysées est une entreprise autrement facile.<br />Habitant le quartier, je passe dans cette rue à peu près tous les jours, si bien que sa noblesse et ses trésors ne me font guère plus d'effet qu'au badaud de l'an 1515, qui marchandait pour deux liards de laitue, et j'ai même cessé de rendre grâce au ciel qui me permet de faire mon marché dans ce haut lieu de la civilisation. En revanche, il me saute aux yeux que la fille blonde, qui vendait le petit pois au coin de l'Arbalète, est passée à la cerise, dans le renfoncement, à côté des légumes cuits, ou que la Mimi a embauché un autre commis. Tout cela pourrait encore faire de bonne littérature, et aussi peu engagée que possible, mais j'entends bien qu'on ne saurait, aujourd'hui, parler d'une rue pareille sans lui faire rendre un témoignage sur l'économie nationale, les moeurs urbaines, le dirigisme, la tragédie ménagère et le destin de l'homme. Je n'en dirai pas tant, n'ayant d'autre propos que vous livrer deux ou trois réflexions prises dans le tout-venant d'une petite promenade à la Mouffe. (Je suis tout à fait convaincu que la rue Mouffetard est pleine de grandes leçons et qu'un torrent de vérités éternelles y prend sa source, mais ces choses là sont pour les penseurs et que je la remonte que je la descende, la Mouffetard s'est toujours dérobée à une méditation digne de ce nom).<br />J'étais nanti, ce matin-là, d'une commission d'achat domestique pour une demi-douzaine d’œufs et c'est déià quelque chose que pouvoir aller chercher, comme ça, à l'improviste, au grand jour, une demi-douzaine d’œufs, sans queue ni ticket. Je ne veux pas savoir si nous le devons au gouvernement ou à l'incoercible autorité des lois naturelleS. Quand on est rue Mouffetard, on a pas la tête à chercher la raison des choses. La vraie rue commence au porche de Saint-Médard. Qu'on le veuille ou non, l'ombre du clocher se répand dans le grouillement millénaire et les cloches, à mon avis, n'y sonnent pas creux. La boutique où je vais prendre un journal est accotée à l'église, une échoppe de planches tapissées d'écrits de toutes sortes et toutes couleurs. On y vend même quelques-unes de ces petites revues anglo-saxonnes, format exportation, brochure de propagande culturelle, comme on dit, dont l'Europe sera bientôt encombrée et qui font penser à ces exemplaires de la Bible traduits en tous idiomes à l'usage des peuplades à convertir. Il est assez curieux que ces opuscules, affichés à l'orée de la Mouffe, sur le seuil de Saint-Médard, n'aient encore suscité aucune manifestation de convulsionnaires.<br />Les soucis alimentaires ayant le pas sur le destin de l'Europe, j'ai préféré m'attarder au spectacle réconfortant de la boucherie d'en face. Etal chargé de viandes comme au plus beaux jours gras. Ça durera ce que ça durera. Nous savons que le boeuf est volage et le veau lunatique, qu'ils engraissent au caprice des lois et fichent le camp des abattoirs par la tangente du marché parallèle si j'ose m'exprimer ainsi. Mais il faut prendre le bon temps comme il vient et fêter cette espèce de reconstitution historique où, pour quelques jours, la boucherie nous est rendue dans toute sa gloire. Demi-charolais pendus aux crocs dans leurs festons de lierre, romstèques, bien parés sur les marbres blancs, gigots en papillottes et cochons laurés. On ne venait pas ce matin pour acheter timidement 200 grammes de<br />viande anonyme taillée dans un lambeau sans nom. J'ai vu bel et bien du joli bourguignon à 85 francs la livre et du rosbif très coquet à 150, tout cela offert gentiment dans une atmosphère pimpante où le boucher retrouve le sourire en retrouvant les matériaux de son art. Les oreilles charmées par la scie à os, le couperet et le bruit soyeux des fusils d'affûtage, on choisissait, on payait en toute simplicité, sans conciliabule et sans mot de passe, sans faire allusion au moindre ticket. Pendant ce temps-là, pendant que n'importe quel mauvais citoyen pouvait se payer 10 kilos d'excellente plate-côte, les journaux continuaient à signaler les grammes de viande validés et les lettres sorties pour les femmes enceintes et les donneurs de sang, sauvant ainsi l'honneur du dirigisme et le traitement mensuel des techniciens de l'alphabet rationnaire. Il serait dommage en effet que sept ans d'efforts ininterrompus pour élever toutes les lettres de A à Z à la dignité alimentaire, fussent à la merci du moindre vent libéral.<br />Le lettrisme est une école littéraire née de la sous-alimentation comme on le devinait un peu et comme il appert à la lecture de certains manifestes pendus aux devantures des épiciers. Voici par exemple le texte intégral que j'ai lu ce matin, calligraphié à la craie sur un tableau noir dans le pur jaillissement d'un surréalisme absolument bouleversant :<br /><br />Sucre (c'est le titre)<br />M C V, 500 Gr., E, 1 k. 500 V, 750 Gr. J 1, J 2, J 3, 1 k.<br /><br />Suivaient d'autres petits poèmes intitulés <i>Café </i>ou <i>Fromage </i>et d'une pareille veine. L'esprit est aujourd'hui dans la lettre et ça nous mènera loin.<br />Et le pouvoir enchanteur de la lettre n'est pas près de s'évanouir si l'on en juge par l'affaire des bananes. Je ne veux pas parler de ces milliers de régimes que les dieux dirigeurs ont condamnés à putréfaction dans les caves des mûrisseurs parisiens. On n'est pas assez mesquin pour tenir le compte des tonnes de camemberts pourris, des flots de lait caillé, des monceaux d'oranges moisies et des fleuves de vin piqué derrière quoi le dirigisme fait son entrée dans l'histoire. Il faut ce qu'il faut et pour bien rater une omelette, il faut casser des œufs. Non, je veux parler de cette validation qui vient de débloquer les quelques bananes rescapées. Je ne me souviens plus de la lettre magique échappée de la tombola du ravitaillement, mais les ménagères ont l'oeil et sachant que les bananes venaient de sortir, elles avaient gentiment formé la queue rituelle. Partout cependant, du haut en bas de la Mouffe, les fruits nationaux ivres de liberté chargeaient les tréteaux et fatiguaient les voitures. Cerises, prunes, abricots, fraises, pêches, en veux-tu en voilà, sans queue ni tickets avec le sourire de la marchande. Mais les ménagères, colonne par un, poireautaient sans murmure, aspirant à la banane d'Etat, banane au point, pesée au gramme près avec la rondelle d'appoint.<br />Ineffable envoûtement de la denrée contingentée. Saveur mystérieuse du fruit débloqué, prestige de la banane matriculée. L'Office d'Abêtissement Progressif et Libérateur des Masses peut se venter d'un joli succès en ce jour où les ménagères de la rue Mouffetard, patiemment conditionnées par sept ans de queue dans la guerre et la paix ont spontanément déserté les beaux fruits librement offerts pour mériter, après une demi-heure d'attente, le délicat plaisir d'honorer un ticket de banane. C'est dans une queue qu'on sent vraiment citoyen. On ne sait plus si le ticket représente un droit à faire valoir ou une espèce de devoir social qui serait le devoir de faire valoir ses droits. Qu'on aime ou non la banane, ce qui importe c'est de toucher la banane, au sens administratif du verbe. Toujours est-il que la queue des ménagères comme la chaîne des forçats, doit recéler quelque séduction inavouable ; c'est peut-être là que se fortifie l'âme collective et que se parachèvent les ultimes libérations.<br />Par chance, le marchand de citrons à la sauvette vient apporter son petit témoignage d'anarchie et d'irrespect. Il se tient un peu avant la rue Daubenton, la main entr'ouverte sur son beau fruit défendu et vous susurre au passage, d'une voix serpentine citroncitroncitron... Il a un œil à gauche et l'autre à droite comme s'il vendait de l'héroïne ou de l'uranium, car il se sent particulièrement repéré par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Philip" target="_blank">M. Philip</a>. Il fait figure de champion régional du libéralisme économique et feint de lutter contre tout dirigisme alors qu'il souhaite au contraire un contrôle du citron toujours plus sévère. Il est dans l'opposition et sait, comme les autres, en battre monnaie. Il n'est pas pressé de revoir le citron émancipé mûrir, à l'éventaire des écaillères. Déjà ses collègues vendeurs de champignons en douce et d’œufs clandestins ont disparu, invaincus par le contrôle, mais terrassés par le champignon libre et l’œuf affranchi.<br />Enfin, je vous annoncerai que la marchande de mouron et de plantain est revenue avec son panier et sa chanson. Rien ne m'empêchera de dire que son retour est un signe de détente. D'autant plus qu'à côté d'elle on offrait de belles pommes de terre à dix francs la livre, ce qui ne s'était vu depuis longtemps, mais ce qui, à la réflexion, ne saurait durer. J'aurais dû en faire provision, bien sûr, mais le Plan de Sécurité Sociale m'ayant délivré de tous les tracas de la prévoyance, je me suis payé en toute insouciance une petite botte de roses à 35 francs. Plutôt que tirer de cette promenade je ne sais quelle leçon amère ou béate qui ne servirait à personne, mieux vaut finir sur ce bouquet.</span></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">ANTHOLOGIE</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">DES ÉCRIVAINS DU Ve</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">PARIS ET LE QUARTER LATIN</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">SOUVENIRS ET IMPRESSIONS</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Textes recueillis et notices sur leurs auteurs</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">PAR</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">GERARD DE LACAZE-DUTHIERS</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Lauréat de l'Académie Française pour l'ensemble de son oeuvre</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Préface de M. Raymond Pédrot, Maire du Ve arrt. de Paris</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Illustrations de Auberville, Claude Bontemps,</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Marcel Boudou, François Cotard, Robert Coutre,</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Germain Delatousche, Anne Français, Léon Heymann,</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Yves Igot, Jean Lebedeff, Robert Mahélin, Edmond Missa</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Bibliothèque de l'Artistocratie</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">113, rue Monge, Ve</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">PIERRE CLAIRAC, EDITEUR</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">PARIS</span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">1953</span></span></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br />Textes de :<br />Céline ARNAULD, André BARRE, Robert BARROUX, Marcel BEALU, Gaston BOURGEOIS, Louis BUFFIER, Cadet de GASSICOURT, Jean CANOLLE, Raymond de CASTERAS, Henriette CHARASSON, Marc CHESNEAU, Paul COURANT, Lucienne DELFORGE, Paul DERMEE, Pierre DESCAVES, Roger DEVIGNE, Marie-Thérèse DONNAY, Charles DORNIER, Mireio DORYAN, Georges DUHAMEL, Raymond DUNCAN, EL-MILICK, Paul FORT, Joseph HEMARD, Georges HOLTZ, René JOHANNET, Gérard de LACAZE-DUTHIERS, Henry LAFRAGETTE, Georges LECOMTE, Henry de MADAILLAN, Emile MALE, Magdeleine MORDACQ, Pierre MOREL, Victor NOURRY, Jean PAULHAN, Maurice PERNETTE, <b>Jacques PERRET</b>, Jean-Michel RENAITOUR, Marius RICHARD, Marcelle ROYER SAINT-LEON, Robert SABATIER, André STIRLING, GONZAGUE TRUC, Jean VENETTIS, Charles-André WOLF.</span></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHFQszuCw9ch5yIlh_YwKIvYWctb9uL4JP_3r1X_xboSJnPHrSvzh1yIO_glHL_lD9nf0qnuS9KZ4QqBpxs-uT4kiI7cCfMeDX1nzJQ8bULtbwYwArsAHLNFQx9lGR9VcSs1__KibyEi9A/s1600/ticket+sucre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="223" data-original-width="470" height="151" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHFQszuCw9ch5yIlh_YwKIvYWctb9uL4JP_3r1X_xboSJnPHrSvzh1yIO_glHL_lD9nf0qnuS9KZ4QqBpxs-uT4kiI7cCfMeDX1nzJQ8bULtbwYwArsAHLNFQx9lGR9VcSs1__KibyEi9A/s320/ticket+sucre.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-37938478361085797712020-04-18T02:16:00.000-07:002020-04-18T02:16:07.974-07:00Retour à la terre<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.15pt;">
<span style="font-family: "garamond" , "serif";">Les conditions dans lesquelles
nous rompîmes les amarres avec la capitale pour nous transporter en famille
dans un lopin du Blésois et les épreuves plus ou moins bénéfiques d’une
expérience rurale aussi méritoire que présomptueuse ont été narrées et trop
brièvement à mon goût. Je n’y reviendrai quand même pas longuement, sauf à
rappeler que la déconvenue économique fut assez rondement menée pour mettre fin
à la plaisanterie et regagner Paris sans trop nous émouvoir ni pleurnicher sur
nos terres ingrates ou seulement incomprises. Vous savez ce que c’est, on a
beau avoir du sentiment, on n’aime pas bien s’attarder sur les lieux de
l’échec. Lieux en l’occurrence à découvert, et l’échec se réclamant de la
notoriété publique : maison à flanc de coteau sur terre-plein adossé au
roc et le potager en gradins jusqu’au bord de la route, autrement dit le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coram populo</i> à longueur d’années. Les
naturels ambulants avaient eu loisir d’observer nos façons de vivre et
d’épiloguer dessus. Permettez que je restitue leurs commentaires transcrits à
l’imitation du parler tourangeau c’est-à-dire toulanheau :<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.15pt;">
<span style="font-family: "garamond" , "serif";">« Des hens, disaient-ils, qui
plenaient le café sous leul tonnelle en lisant l’hournal pendant qu’leul poules
glattaient dans l’potaher et tous les souèls la lumièle qui blillait husqu’à
des honze heules minuit. Mais y a hand même une hustice quand la palesse est
punie par le débouèle et la déconfitule. »<o:p></o:p></span></div>
<!--[if gte vml 1]><v:shapetype id="_x0000_t75" coordsize="21600,21600" o:spt="75"
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</v:shape><![endif]--><!--[if !vml]--><!--[endif]--><span style="font-family: "garamond" , "serif"; font-size: 12pt;">Plût aux dieux qu’ils eussent dit la vérité. J’en
prends à témoins Cybèle et ses nymphes et le grand Pan lui-même et le sacré
cortège des sylvains ivrognes attentifs à mes raisins et pipeurs de mes
futailles : j’ai consacré à notre établissement viticole, avicole et
potager une somme de labeur et d’invention comme seul peut en fournir un
Parisien.</span><br />
<span style="font-family: "garamond";"><i>Un marché aux puces</i>, Julliard, 1980.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-55140469480482139002020-01-07T22:40:00.000-08:002020-01-07T22:41:35.677-08:00Grève<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il est un peu tard pour parler de la grève du métro, surtout que je n'ai rien de très original à en dire, ni pour ni contre. En principe, je ne crois pas plus au caractère sacré de la grève qu'à la prétendue sainteté du travail. En outre, sans informations précises, je ne puis réclamer, comme je l'entends faire parfois, l'extermination pure et simple de la caste des poinçonneurs, sous prétexte qu'ils fournissent un travail indigne de ce nom. S'il fallait s'en prendre à tous ceux qui fournissent un travail indigne de ce nom, il y aurait fort à faire et je me demande bien souvent si écrire des chroniques est un travail digne de ce nom. Le poinçonneur n'est pas un personnage essentiellement dérisoire ; il s'apparente à tous les enfileurs de perles, et rêvasser en enfilant des perles ou caresser des chimères en poinçonnant des billets honore autant la condition humaine que revendre en troisième main un lot de bas de soie au cours d'un apéritif d'affaires. De toute manière, un poinçonneur, même en grève, est plus sympathique qu'un portillon, même détraqué. Donc, ne comptez pas sur moi pour faire le procès du poinçonneur ; au plus avouerai-je ma tentation de renvoyer, pour son bien, tout ce prolétariat cryptique à l'agriculture d'où il vient, laquelle, par exemple, pourrait lui offrir, pour commencer, un sécateur à vendanger dont le maniement lui rappellerait les ivresses du poinçonnage aux heures de pointe. On en profiterait, bien sûr, pour murer une fois pour toutes les bouches du métro et rendre à l'air libre une population qui, de toute évidence, a la nostalgie de la marche à pied.<br /><br />A propos de cette grève, on s'émerveille une fois de plus de l'angélique patience du public parisien : « La bonne blague, dit-on, que ce peuple prétendu frondeur ! Il encaisse toutes les brimades sans broncher, il a perdu les belles réactions de sa jeunesse, il est mûr pour n'importe quelle tyrannie, et gouverner un tel peuple est un jeu d'enfant. » Jugement hâtif, peut-être. Je penserais plutôt qu'en manifestant, soit contre les poinçonneurs, soit contre un gouvernement fauteur de chienlit, les Parisiens eussent témoigné d'une édifiante passion pour l'ordre, chose qui, assure-t-on, n'est pas dans leur vraie nature. Réjouissons-nous au contraire de voir le public accepter avec allégresse une telle rupture des routines quotidiennes et envisager avec si peu d'impatience le retour dans les tunnels du conformisme ferroviaire. Voilà qui prouve une belle vitalité ; il faut être jeune pour aimer la pagaille ; tout ce qui vient empêcher la machine de tourner rond est accueilli comme une aubaine et ce que les observateurs superficiels prennent pour de l'apathie est en réalité une prise de position en faveur du désordre, l'affirmation d'un goût vivace pour les aléas de l'anarchie, la plus sûre garantie enfin que puisse nous donner la population parisienne de son inaptitude aux futures disciplines de la technographie sociomaniaque, stakanovicieuse et totayloritaire où les poinçonneurs dopés feront des heures supplémentaires pour augmenter la production des petits trous, à la gloire de l'humanité en marche dans les souterrains de l'émancipation matérialiste.<br /><br /> Il y a aussi, dans cette patience des Parisiens, la séduction du pire. Depuis quelque temps en effet, à chaque scandale, à chaque brimade, à chaque démonstration de la capilotade parlementaire, à chaque pitrerie, escroquerie, tartuferie du IVe Gang, à chaque culbute des cabinets cascadeurs, le public, vidé de toute indignation, préfère défier le destin et claquer gaiement du doigt en se disant : « Tant mieux ! Remettez-nous ça ! Vivement que ça pète ! » Comme si chaque tournant de la vrille nous rapprochait de je ne sais quel point de chute sur je ne sais quel fond élastique tapissé d'espoirs. L'histoire nous offre évidemment quelques exemples de redressement à partir de zéro, mais on rebondit toujours un peu moins haut et, à bien réfléchir, aucune loi ne garantit le rebond.</span></span><h2 class="western">
<a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc317004575"></a><span style="font-family: "agaramond" , serif; font-size: small;"><b><a href="http://www.jacques-perret.com/bibliographie/chroniques/la-r%C3%A9publique-et-ses-peaux-rouges-2012/">La République et ses Peaux-Rouges</a>,</b></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "agaramond" , serif;"> </span><i>Poinçon d'avril</i>, 6 avril 1951 </span></h2>
<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<br /></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-14089381457689174822019-12-21T03:24:00.001-08:002019-12-21T03:24:03.407-08:00La fin des fêtes<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Après
le Père Noël dont je vous ai exposé l'autre jour la situation
délicate, il faudrait examiner le cas de l'arbre de Noël, beaucoup
moins compliqué il est vrai. Nous honorons parfois de fausses
traditions. L'étiquette mondaine par exemple et le savoir-vivre des
salons de la III<sup>e</sup> République qui croyaient bêtement
perpétuer la vieille courtoisie française n'est qu'une invention
louis-philipparde, un code pour pécores solennelles et parvenus
gourmés anxieux de se distinguer du vulgaire qui travaillait dans
leurs fabriques. Ils sont d'ailleurs pour quelque chose dans
l'acclimatation de l'arbre de Noël qui nous vint d'Angleterre au
temps que Napoléon III flirtait avec la reine Victoria. Depuis,
l'arbre a si bien fait son chemin qu'en beaucoup de foyers la crèche
traditionnelle a fini par céder la place au sapin dont
l'insignifiance arrangeait tout le monde. Le plum-pudding, Dieu
merci, n'a pas réussi à détrôner le boudin blanc, mais je vois
que la « christmas card » s'insinue dans nos mœurs
et ces petites choses-là, entre autres, travaillent sournoisement à
l'unité de l'Occident sous l'aimable férule des vieilles filles
puritaines. De nombreux journaux nous ont justement rappelé ces
jours-ci l'origine anglaise du sapin rituel et, sans vouloir nuire à
la cohésion atlantique, j'aime à croire que c'est une des raisons
de l'indifférence populaire à l'endroit des arbres de Noël que
nous a fichés à travers Paris le comité du Bimillénaire.</span></span></div>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Enfin
nous en avons terminé avec cette laborieuse commémoration qui
n'aura même pas réussi à allumer un seul lampion dans la mémoire
des Parisiens. La dernière trouvaille du comité fut donc l'érection
au coin des places publiques de grands sapins tristement chamarrés
de cheveux d'anges en aluminium. On se demande un peu à quoi
correspondait cette manifestation dans l'esprit de l'inventeur. Il a
peut-être cru obtenir à bon marché ce qu'on appelle une ambiance,
une ambiance de rien du tout comme celle que fabriquent les
entrepreneurs de folklore pour qui Noël est une affaire de syndicat
d'initiative. Le comité espérait probablement que ça ferait
gentil, familial et attentionné, mais un arbre de Noël sans
lumière, sans cadeaux, sans cantiques, sans violon et pour tout dire
sans Noël, c'est une chienlit et une brimade. Beaux baliveaux partis
pour la fête et fourvoyés dans la cité matriculaire. Sapins
humiliés, lugubres conifères. Dernière facture du grand Bi, pose
et dépose de cent cinquante symboles résineux, deuxième choix,
sans bougie. Il est possible que le comité se soit montré à
hauteur de sa tâche dans le genre gala sur invitation, mais pour ce
qui est de la réjouissance de Paris, zéro. Les Français ne savent
plus s'amuser ensemble. Il n'y a personne pour conduire la farandole
autour des sapins.</span></span></div>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Il
n'empêche qu'avant de se dissoudre, le comité s'est décerné un
témoignage de satisfaction. Comme beaucoup de comités il avait sa
fin en soi et je pense qu'il était composé de gens n'ayant d'autre
profession que celle de membre de comité. Certes, je ne suis pas
ennemi des montagnes qui accouchent d'une souris quand l'attraction
est montée avec goût et que la souris a de l'esprit. Je ne flétris
pas non plus les parasites, loin de là, je les envierais plutôt car
ils sont parfois la fine fleur des civilisations, mais une société
a les parasites qu'elle mérite. Je verrais assez volontiers une
partie de mes impôts gratifier des joueurs de guitare sous le balcon
des nymphes en cour, mais entretenir des membres de comité, zut.
C'est comme l'UNESCO ; je ne connais pas très bien les
activités de cet énorme comité, mais j'ai la vague impression
qu'avec les milliards qu'il dévore on pourrait entretenir un nombre
considérable de guitaristes pour l'agrément réel des populations.</span></span></div>
<h3 class="western" style="page-break-before: always;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc317004608"></a>
La fin des fêtes, 4 janvier 1952, n°172. <i>La République et ses Peaux-Rouges</i></span></span></span></h3>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<br /></div>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="center" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; margin-top: 0.85cm; page-break-after: avoid; page-break-inside: avoid;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span>
</div>
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-57447985973389596242019-11-03T10:04:00.000-08:002019-11-03T10:04:14.216-08:00Pour accompagner le beaujolais nouveau<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">Un
bistrot de mon quartier vient de moderniser son établissement. A ce
préambule, vous dites : « Bon, ça y est ! Le voilà
encore qui nous écrit son papier avec une plume d'oie entre une
chandelle de suif et la tabatière de ses aïeux ; il va encore
nous gémir cent lignes sur quelque vieillerie, pleurnicher sur les
moulins à vent et repousser du pied les fallacieux bienfaits de
notre siècle. » C'est exact. Si le lecteur juvénile trouve
quelquefois à ma chronique une odeur un peu fadasse de camomille
duhamoelleuse ou de pastille de guermenthe ou même de tisane
vautélique, s'il déplore de me voir tourner en rond à dada pour
faire le numéro des vétérans, tant pis. C'est un numéro, après
tout, qu'on n'est pas obligé de faire sur un cheval gâteux.</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le
patron de ce bistrot, auvergnat de choc, a donc jugé bon, jugé
nécessaire à son estandinn'gue, de flanquer en l'air ses lambris à
moulure, ses plafonds à pâtisserie, son perco Denis-Papin, son
plancher de traviole, ses ouatères à la turque, son zinc à
corniche dorique, non ferreux s'il en fut et glorieux rescapé du
ramassage, ses torchères à ampoules, enfin, qui espéraient bien
fournir une carrière un peu plus longue que les manchons à gaz.
Ceci fait, les entrepreneurs d'aménagement moderne sont venus mettre
au point sa taverne. Surfaces lisses, plafond désolé, sol de
mosaïque express à motif de catalogue, lavabos rationnels, comptoir
à gros débit en alliage rose, et des glaces partout, et du néon et
de la fluorescence à faire tourner le gaillac en eau de boudin. Et
la façade vert amande, comme si le vert amande avait quelque chose à
voir avec un bistrot. Et des glaces sur la façade, comme si le
client avait besoin de se voir venir au bistrot ; surtout qu'il
s'y voit venir depuis le trottoir d'en face, défiguré par la
distance avec une figure tordue et les jambes en cerceaux. Et le
soir, cette lumière de soleil synthétique, ce faux midi qui
s'installe à 22 heures, ce météore mauvâtre, opalineux et
groseillard, ce grossier piège à papillons, cette aurore à gogo,
cette incandescence qui vous rentre jusqu'à l'estomac, vous coule
dans les veines, vous décolore la cervelle, remplit votre verre d'un
jus spectral et transforme une rencontre amicale en colloque
d'ectoplasmes damnés. Comme si les gens avaient besoin de tant de
lumière. Comme s'il suffisait de trop de lumière pour leur verser
la joie. Comme si tant de lumière implacable et truquée n'était
pas plus ennuyeuse, lugubre et louche que la mèche fumeuse où trois
gentils coquillards s'écarquillent les yeux pour compter leur
brelan.</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">Il
est vrai qu'à l'heure où j'écris ces lignes, le néon sent déjà
pâlir sa faveur. On commence à lui trouver des reflets de lampion.
Les placiers en luminaire d'avant-garde étudient pour mon bistrot un
devis d'éclairage à uranium dénoyauté avec abonnement à la
lumière froide, la lumière au zéro absolu de la raison
rationnelle. C'est tout de même dommage s'ils arrivent à nous
dégoûter de la lumière, à force de lumière qui n'éclaire plus
qu'elle-même, bêtement. Vous croyez encore que c'est au progrès
que je m'attaque, mais pas du tout, je chéris, je respecte l'idée
du progrès, mais j'ai peine à le voir cascadeur, vulgarisé, vendu
aux trafiquants, infatué, attrape-nigaud, gâcheur surtout. Il a
déjà pour lui la plus grande pente et encore le commerce et la
publicité qui le poussent dessus. C'est vous dire que je n'ai pas
trop de scrupule à vouloir contrarier cette glissade
impressionnante. Il y a déjà assez de monde qui pousse à la roue,
je peux bien y mettre un bâton de sureau, pour marquer le coup.</span></span></div>
<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<br /></div>
<div class="western">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i>Abat-jour</i>, 17 octobre 1952, </span></span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">La république et ses Peaux-Rouges, Via Romana, 2012</span></span></div>
<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span></div>
<h2 class="western">
<a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc317004637"></a> </h2>
<div align="justify" style="letter-spacing: -0.3pt; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.5cm; widows: 2;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-35612452483282571792019-07-14T08:47:00.004-07:002019-07-14T08:47:48.737-07:0014 juillet<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="parastd">
La revue du 14 juillet 1964 s’est déroulée comme prévu, sans
incidents graves, sauf qu’elle ne fut pas honorée de ma présence ; mais l’incident
est ordinaire, vu que je n’ai, de ma vie, assisté qu’à une seule revue de ce
genre, à l’âge de 12 ans, sur les épaules de mon père comme il se doit, l’année
que Fallières présentait l’armée française au roi du Danemark. Je n’ai fait,
depuis, que ressentir de plus en plus vivement l’énorme indécence qui prétend
associer l’amour de la patrie à ce misérable anniversaire de guerre civile.</div>
<div class="parastd">
C’est comme la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Marseillaise</i>. Si nous avons parfois cédé à
des concours de circonstances qui nous pressaient d’oublier les paroles répugnantes
pour nous émouvoir à la seule musique devenue bon gré mal gré symbole de
ferveur française, maintenant c’est bien fini. Elle s’est abîmée en Algérie.
Chers compatriotes, fermez vos gueules : ils sont venus jusque dans nos
campagnes égorger nos fils et nos compagnes, mais vous avez débandé nos
bataillons et prêté la main aux égorgeurs. Alors, chers enfants de la patrie,
je vous en prie, écrasez un peu.</div>
<div class="parastd">
Donc ce fut un 14 juillet célébré dans le calme et la dignité,
comme l’exigeait le défilé d’une armée française victorieuse pour le compte de
l’ennemi. On a pu croire, l’espace d’une minute, a un incident mais ce n’était
qu’une attraction : le général De Gaulle s’était levé pour aller
gesticuler devant M. Messmer à propos de je ne sais quoi et le public a
bientôt compris qu’il s’agissait là d’une simple manifestation de prestige qui
ne tirait pas à conséquence. Il n’y eut pas de pataquès comparable à celui du
11 novembre où, la musique ayant oublié de sonner « Aux Morts », le général se
révéla incapable de commander lui-même la sonnerie, comme l’eût fait tout
spontanément un véritable soldat et le moindre chef tel que Vendôme, Villars,
Napoléon, l’adjudant Flick ou le maréchal Foch en grognant d’une voix claire :
« Alors ? on ne salue plus les morts ? » Sans doute le général De
Gaulle, peu sûr de sa clique, eut-il peur de n’être pas obéi ? En quoi il
avait sûrement tort.</div>
<div class="parastd">
C’est au 14 juillet dernier, je crois, que fut noté un autre
genre d’incident à l’occasion du défilé. Le chef de l’Etat, selon les témoins
oculaires, avait gardé ses mains en poches au passage de la Légion. Mais cela
fut mis au compte de l’étourderie, l’armée en a vu bien d’autres.</div>
<div class="parastd">
C’est ainsi d’ailleurs que l’a vue mon confrère Caviglioli qui
en a donné ses impressions dans un remarquable article paru l’autre jour dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Combat</i>.</div>
<div class="parastd">
Autre incident bénin qui n’a été relevé que par un petit
nombre de spectateurs arriérés. L’un d’eux, interrogé à la radio, s’est déclaré
vivement ému en effet par la nouvelle cadence imposée aux chasseurs. Le fameux
pas du chasseur a été aboli par le règlement qui aligne toute l’armée française
au même pas standard, dont la mesure a été calculée selon le rythme du cosmos
dont notre grand Métronome est le dépositaire bien connu. Il me semble avoir
déjà écrit, au sujet des privilèges de pas dans l’armée française, un billet d’alarme
à l’époque où les chefs de musique de la Légion furent mis en demeure de
renoncer à leur cadence traditionnelle. C’était pendant la guerre d’Algérie. La
mesure s’inscrivait dans le vaste programme élaboré en haut lieu pour accélérer
la déchéance de l’esprit de corps jugé incompatible avec l’esprit d’obéissance
gaulliste inconditionnelle. Dans le même temps, les mêmes autorités de la même
subversion, anxieuses de mâter l’insolence des paras dont l’esprit combatif
offensait la République, se demandaient s’il valait mieux les humilier sous un
vulgaire calot d’aviateur rampant ou habiller tout le monde en para. Il fallait
en finir avec la gloriole de ces bérets. Quiconque se distingue est en voie de
se perdre. Et les ecclésiastiques l’ont bien compris qui laissent la soutane
pour le complet et le complet pour le chandail.</div>
<div class="parastd">
Toutes ces questions-là sont aujourd’hui sur le point d’être
réglées, apparemment. Je n’insisterai pas sur les aspects philosophiques de
cette victoire de l’indéfini sur le défini. Je vous laisse le soin de placer où
il faut l’abolition du pas chasseur et la mort du passepoil dans le processus
de convergence évolutive selon Teilhard de Chardin. Je reviendrai prochainement
d’ailleurs sur le petit côté teilhardien du phénomène De Gaulle.</div>
<div class="parastd">
Toujours est-il que la conversion du troupeau humain en magma
indifférencié n’est pas pour demain. Les décrets de planification vestimentaire
et de mise au pas standard n’empêcheront pas les gens de se distinguer par une
tournure de béret, une allure de marche, ou tout autre signe plus discret où se
réfugiera l’irréductible esprit de corps, le goût des privilèges et des
responsabilités, l’increvable quant-à-soi, les petits agréments de la liberté
et tout ce qui s’ensuit pour l’inquiétude des potentats.</div>
<div class="parastd">
<br /></div>
<br />
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<i><a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc11070930"><span style="mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: EN-US;">Le billet de Jacques Perret, 23 juillet 1964, N°828</span></a></i><span style="mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: EN-US;"></span><br />
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Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7681011667233775055.post-38771296226254325222019-06-09T06:24:00.001-07:002019-06-09T06:24:52.326-07:00L'homme du 18 juin<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">A l’heure où l’exode sacré se heurtait au droit de grève non
moins sacré, à l’heure où toutes les voix de la radio nous rapportaient
fiévreusement les échos de ce drame idéal qui rassemblait enfin le peuple
français dans une compassion licite à l’égard de ses compatriotes en détresse,
à l’heure où des foules innocentes et réduites à l’infâme condition de
sinistrés pieds-noirs erraient dans Marseille en prenant le ciel à témoin d’un
irréparable gâchis, à cette heure-là, dis-je, dans le faubourg Saint-Honoré à
demi désert, quelques flâneurs étaient frappés d’extase ou de stupeur par la
vision du général De Gaulle qui passait sur le trottoir en translation oblique.
Apparition fugitive. Hiératique et même un peu raide il était vêtu de kaki
démodé, son clair regard semblait fasciner le destin et ses pieds ne touchaient
pas la terre comme il convient aux apparitions.</span></span></div>
<div class="parastd">
<br /></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">Extrait d’une camionnette et enlevé dans les bras d’un livreur
alerte, le portrait à l’huile du général, plus grand que nature comme il se
doit, disparaissait bientôt sous le porche de l’Élysée. Livraison furtive,
discrètement surveillée, on ne sait jamais. Un honnête homme se trouvant nez à
nez avec une telle effigie pouvait fort bien relever le défi et, d’un coup de
boule dans l’estomac, défoncer la toile. On cite en effet certains cas où l’envoûtement
pratiqué à l’improviste aurait comblé tous les espoirs. De toutes manières l’iconoclaste
éventuel pouvait arguer d’un mobile artistique, si j’en crois la photo de
presse où le tableau fait un peu figure de navet. Si ç’avait été un beau portrait,
le véritable portrait du général De Gaulle, il aurait été non seulement
refusé par le conseil des initiés de cabinet, mais incinéré sur le champ comme
attentatoire aux pudeurs d’État, et l’artiste serait actuellement gardé à vue,
interrogé sans relâche sur les moyens et complicités qui lui auraient permis de
s’introduire ainsi dans l’âme du chef et d’en reporter sur le visage tous les
replis et détours interdits au jugement des mortels. Or, bien au contraire c’est
un portrait de fidélité extrême à la légende, c’est l’homme du 18 juin (ou du
19, ou du 20, comme tous les personnages un peu mythologique sa date de
naissance est incertaine), portrait de référendum et de mairie, exécuté dans le
respect des canons publicitaires par celui-là même qui en fit la livraison à
bras, M. Gaston Tyko, un ancien de Londres.</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">Toutefois l’artiste n’a pas omis le détail ésotérique par
lequel nous reconnaîtrons d’abord le chef de clan. Sa vareuse en effet ne porte
aucune décoration, sauf l’insigne de la France libre. Ignorance et mépris de
tout ce qui fut avant que lui-même ne soit. De Gaulle ne peut être décoré ou
promu que par De Gaulle et ne souffrir d’autre marque ou appartenance que la
sienne propre. Si les vulgaires nécessités de la politique l’obligent parfois à
revêtir les insignes majeures de la Légion d’Honneur, sa vraie tenue de combat,
la seule qui vraiment l’habille à son aise et le mette en possession de tous
les moyens, c’est la vareuse de Londres avec l’insigne solitaire, suffisant et
nécessaire, de la France libre, la croix de Lorraine familièrement appelée
perchoir. Qu’il soit donc bien entendu, bien répété, bien confirmé que De
Gaulle n’a d’autre mission que la prospérité de l’ordre gaulliste dont il est
le fondateur et détenteur des sublimes secrets. Il est grand-maître d’une
organisation semi-clandestine qui malgré ses victoires sur la France n’en finit
pas de régler ses comptes avec les Français.</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">François Brigneau a publié récemment dans <i>l’Aurore</i> un excellent reportage sur la Maffia, la vraie, la
sicilienne, la seule qui ait droit à majuscule. Organisation vénérable mais
aujourd’hui tombée en folklore et dont les exploits nous font un peu sourire,
nous Français. A ce propos je rappelle, en passant, que cette croix dite de
Lorraine est un emblème emprunté en 1451 à la maison d’Anjou et à la faveur d’un
mariage. On sait que la maison d’Anjou régna longtemps sur la Sicile. Sans
vouloir établir de filiation historique, il y a là pour les amateurs de
sociétés secrètes matière à rêver sur le rôle mystérieux des emblèmes.</span></span></div>
<div class="parastd">
<br /></div>
<h2>
<span style="font-size: small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://www.blogger.com/null" name="_Toc10902949"><span>Aspects de le France, <i>Le billet de Jacques Perret</i>, 8 août 1963, N°778</span></a></span></span><span style="mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: EN-US;"></span></span></h2>
<br />
<br />
<div class="parastd">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span></div>
<br />
Unknownnoreply@blogger.com1